Au départ de Saint-Sylvestre, en Haute-Vienne, nous sommes partis pour 21 km sur le Chemin des Moines de Grandmont. L'automne s'installe et donne déjà des airs d'été indien, comme au Canada. La brume nous offre quelques belles vues sur les Monts d'Ambazac....
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Les sacs à dos sont bien chargés |
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Les champignons apprécient la conjugaison de la pluie et du soleil |
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Celui-ci profite d'une bonne litière |
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Celui-là a étendu son chapeau |
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et celui-ci s'est transformé en rose |
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Ceux-là se sont réunis pour faire un gâteau de crêpes |
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Notre rituel : la pause-café |
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Le lycogale du bois |
Le lycogale du bois ou lait de loup : ce champignon (qui n'en est pas vraiment un, faisant aujourd'hui partie d'une classe intermédiaire, les myxomycètes), n'a pas de chair proprement dite et, lorsqu'on le presse, il éclate en un liquide plus ou moins crémeux, de couleur rosâtre à rouille. Il se développe le plus souvent en groupes serrés de plusieurs individus. Il est considéré comme non comestible.
Le village de Grandmont : situé à 28 km de Limoges, sur la commune de Saint-Sylvestre, le village est niché au cœur des monts d'Ambazac. Petit village typique du Limousin qui a su garder le caractère de ses vieilles maison en belles pierres de granit et qui ne laisse deviner son intérêt historique qu'au visiteur curieux. Pendant sept siècles, Grandmont a été le centre d'un ordre religieux prestigieux et d'une abbaye rayonnante maintenant démantelée.
L'histoire de l'Abbaye de Grandmont
La fondation : vers 1076, le fondateur spirituel de l'ordre de Grandmont, Etienne, probablement issu d'une famille noble auvergnate, se retire au Grand Muret (Commune d'Ambazac) pour y mener, en ermite, une vie de contemplation vouée à Dieu. Au fil du temps, il se forme autour de lui, une petite communauté qui sera le noyau de l'ordre de Grandmont. Peu de temps après sa mort en 1124, ses disciples décident de s'installer à Grandmont sur un plateau sauvage à une douzaine de kilomètres du Grand Muret. Des frères sont envoyés pour aménager le site et les nouveaux bâtiments. En juin 1125, la communauté quitte le Grand Muret pour le site de Grandmont.
L'extension : la renommée de Grandmont va s'accroître tout au long du XIIème siècle avec, entre autres, le développement d'un pèlerinage autour des reliques d'Etienne et la construction d'une nouvelle église. L'ordre de Grandmont va rapidement s'étendre : plus d'une centaine de maisons sera créée en moins d'un siècle.
L'empreinte Plantagenêt : un grand prince, Henri II Plantagenêt, qui devient en 1154 roi d'Angleterre, va marquer durablement le lieu. Il agit en bienfaiteur du monastère. Il souhaite y être inhumé et finance de grand travaux. Le site est totalement réaménagé : un nouveau complexe monastique voit le jour et, en 1166, la nouvelle église est consacrée. Avec la présence Plantagenêt, le monastère devient un centre politique.
Tensions et mutations : Grandmont va bénéficier de la protection et des largesses des rois et des princes, ce qui contribuera à l'enrichissement du trésor. Toutefois, dès la fin du XIIème siècle, des dissensions internes entre les clercs et les convers (laïcs) perturbent le bon fonctionnement de la communauté. En 1317, à la suite de ces crises, le pape Jean XXII transforme le monastère en abbaye bénédictine. Dans la seconde moitié du XIVème siècle et au XVIème, l'abbaye subit plusieurs séries d'occupations qui entraînent d'importantes destruction de bâtiments. Tout d'abord, elle est occupée par les troupe françaises, puis anglaises pendant la guerre de Cent Ans et successivement par les catholiques et les protestants, durant les guerres de Religion.
Suppression de l'ordre : malgré la réparation des bâtiments dans la première moitié du XVIIème siècle, l'état de l'abbaye est considéré comme préoccupant un siècle plus tard. Entre 1732 et 1768, une nouvelle église est édifiée ainsi que des bâtiments conventuels. Il s'agit d'une reconstruction d'envergure alors que les finances sont mauvaises et la communauté religieuse réduite à une dizaine de membres. En 1772, l'ordre est supprimé mais l'abbé, avec quelques religieux, occupe l'abbaye jusqu'à sa mort. A partir de 1789, les services de l'évêché de Limoges se chargent de la liquidation de l'ensemble de ses biens. Les habitants de Grandmont furent autorisés à prélever les pierres nécessaires à la construction d'une petite chapelle (voir ci-dessous).
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La Chapelle Saint Jean-Baptise de Grandmont |
Cette chapelle est dédiée à Saint Jean-Baptiste, patron des ermites. Elle fut inaugurée le 15 juin 1825, en présence du dernier grandmontain survivant, Dom Pierre Vergnaud (1747-1827). En 2021, un "jardin de l'Abbaye", sur le principe de ce qui pouvait exister à l'époque, a été créé à l'emplacement indiqué dans les textes anciens, avec une partie rustique : l'hortus potager, une partie plus organisée : l'herbularius, jardin des simples et un pomarium-verger. Ce projet pédagogique a été mené avec les élèves de l'école élémentaire de Saint-Sylvestre. Un herbier recensant les principales plantes cultivées au Moyen-Age est disponible sur le site internet de la SASSAG. Une partie sud du mur de terrassement qui longe la rue de la Porte de la Voûte et son retour à l'angle de la route des Barrys ont été reconstruits selon la technique de la pierre sèche, sans aucun liant, comme l'étaient ces murs au Moyen-Age. Les travaux ont été réalisés en 2023 par l'association "Les Chantiers des Chemins Jacquaires". La cérémonie d'inauguration s'est déroulée le 3 Novembre 2023.
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Restitution des plans de l'abbaye |
Deux architectes, Mes Ph. Campagne et C.H. Jurion-Nivez, se basant sur les rapports de l'ingénieur Naurissart (XVIIIème siècle) et de Pardoux de la Garde ont reconstitué les plans du vaste ensemble que constituait l'abbaye de Grandmont. Ils ont pu, au fil des travaux de fouilles, conduites par le Professeur Ph. Racinet, affiner leurs plans, en les rendant cohérents avec les éléments de fondations mis au jour.
Les fouilles : depuis l'année 2013, à l'initiative de la SASSAG et sous l'égide du Professeur Ph. Racinet de l'Université de Picardie Jules Verne, un chantier de fouilles est programmé chaque été au mois de juillet. Les récentes campagnes de fouilles ont été particulièrement fructueuses puisque des trouvailles remarquables ont été faites au niveau du bâti. En 2021, la porte d'entrée (autour de 1200) dite "des fidèles" de l'église médiévale a été mise au jour. Son entrée a pu être située en arrière de l'actuelle chapelle. Cette même année, une partie du cloître et du mur de la galerie ouest du cloître a été décapée. En 2023, une partie du mur de la galerie sud de ce même cloître a été dégagée.
La SASSAG : l'association "Société des Amis de Saint-Sylvestre et de l'Abbaye de Grandmont" a été fondée en 1934. Elle a pour but de veiller sur les richesses architecturales, archéologiques et artistiques de Saint-Sylvestre, de faire connaître l'histoire de l'abbaye de Grandmont et de l'ordre de même nom, de rechercher des vestiges, effectuer des fouilles, recueillir et protéger tout document, témoignage, en vue de les sauvegarder et de les valoriser.
Une première chapelle dédiée à Saint-Psalmet fut édifiée entre 1676 et
1689. Elle fut détruite au XVIIIe. C’est en 1952 que le curé Landon
d’Ambazac érigea un nouvel oratoire sur les ruines de cette même
chapelle.