vendredi 26 septembre 2025

LIGUGE avec le Club d'ITEUIL

Aujourd'hui, l'Association Iteuillaise de Randonnée nous reçoit au Domaine de Givray, à LIGUGE pour partager notre passion commune : la randonnée. Nous partirons ce matin pour une randonnée d'une petite quinzaine de kilomètres et pour la balade digestive, ce sera 7 ou 8 km après déjeuner....

Le café d'accueil


Un peu d'histoire autour du Domaine de Givray : située sur la rive gauche du Clain, à 8 km de Poitiers, la ville de Ligugé s'enorgueillit de posséder la plus ancienne abbaye de France. fondée entre 361 et 366 par Martin. Entre le bourg et la commune voisine de St Benoit, s'étend dans un méandre du Clain, le domaine de Givray. L'histoire de Givray se mêle de manière intime à celle du monastère dont il constituait à l'origine, une des dépendances. L'ordre des Jésuites, propriétaire des champs, prairies, vignes et bois depuis 1607 dut se plier aux ordonnances de Colbert et confier la gestion de ces derniers, d'une surface de 136 hectares, à la maîtrise des eaux de forêts de Poitiers. Pour l'anecdote, les deux contraintes imposées alors dans les massifs feuillus qui prouve le souci d'une saine gestion économique de la forêt étaient : 
- l'obligation de traitement en futaie pour le quart en réserve (arrêt du 7 août 1725)
- la conservation de 50 baliveaux chêne par hectare lors des coupes de taillis plus ceux existants
En contrepartie, un arrêt du 26 novembre 1754 autorisait les Jésuites à vendre, pour les réparations du prieuré, une coupe de 39 hectares du quart en réserve, à charge pour l'adjudicataire de réserver 20 des plus beaux arbres par hectare. En 1793, tous les biens des Jésuites, sauf les bois, furent vendus aux enchères par la convention et différents acheteurs se les partagèrent. Cependant, un aubergiste de Poitiers nommé Véron se rendit acquéreur de la métairie de Givray. En 1815, les bois à leur tour furent vendus, la forêt de Givray avait à cette occasion été divisée en 2 lots de 88 et 48 hectares. 
Dès 1843, la propriété partiellement reconstituée totalisait 150 hectares et mis à part quelques enclaves ajoutées ultérieurement, elle ne devait plus évoluer par la suite. Elle restera dans la même famille sans subir de division jusqu'en 1935, année au cours de laquelle elle fut vendue en bloc : 153 hectares pour la somme de 50 308 euros. 
L'acquisition du Domaine : par acte notarié du 8 et 11 août 1975, la commune de Ligugé procédait à l'acquisition du Domaine de Givray, mettant ainsi un terme à une polémique entamée 3 ans auparavant avec les héritiers, un promoteur parisien et les services publics. Formant une métairie de 153 hectares dont 72 hectares boisés (il manque la zone sud-ouest des bois appartenant aux Jésuites), Givray avec sa ferme, sa maison de maître et le grand parc attenant représente en 1972, l'archétype de la propriété bourgeoise poitevine. Sa mise en vente ne pouvait manquer de susciter la convoitise de promoteurs immobiliers, compte-tenu d'en emplacement de choix aux portes de Poitiers. 
- le 28 novembre 1972, la municipalité emmenée par Mr Girault, oppose par lettre un refus ferme et définitif à un projet de lotissement qui lui avait été soumis et qui prévoyait la construction de 643 pavillons disséminés à travers bois, 
- l'année suivante, les héritiers s'engagent à vendre à la commune. Après un dur combat mené par la municipalité pour obtenir le financement, Ligugé accède à la propriété du domaine, 
- un échange consécutif à l'acquisition et qui concerne la frange sud de la propriété à vocation agricole, débouche sur une extension rationnelle de l'habitat sans atteinte à l'espace boisé, 
- la surface de la propriété régresse de plus de 30 hectares, avec la construction de 143 logements adossés à la forêt, 
- en 2006, la municipalité acquière 60 hectares supplémentaires et aujourd'hui, la forêt représente 182 hectares.























Le Viaduc fut ouvert à la circulation le 5 juillet 1896. Le petit train effectuait les 41 km séparant Poitiers de St Martin l'Ars en 3 heures et s'arrêtait à la halte de Mauroc à St Benoit. Il servait au transport des personnes et des marchandises notamment celui du blé provenant des environs de Gençay et alimentant le moulin de St Benoit. Le dernier train circula le 30 juin 1934. Le viaduc, dont le promeneur dispose d'une vue magnifique sur le Clain et sa belle vallée boisée, est un ouvrage de 328 mètres de long et de 20 mètres de haut, construit entre 1892 et 1895 et destiné au passage du "petit tramway à vapeur" reliant Poitiers à St Martin L'Ars.




Je ne vais pas citer de nom mais je crois qu'à Escarp'Haims, on a un Farfadet ?

Apéro offert par le club d'Iteuil

Puis pause déjeuner

Nous repartons pour notre boucle de l'après-midi vers Ligugé....




L'Abbaye Saint-Martin de Ligugé
















C'est ici que se trouve le plus ancien monastère de Gaule. On supposa d'abord que St Hilaire, évêque de Poitiers et aristocrate local donna à St Martin un de ses domaines vers 361 après J.C. pour s'y installer. C'est seulement à partir de 1954 que des fouilles sont entreprises par le Père Dom Jean Coquet. Les travaux sont effectués devant l'église actuelle et sous la nef dans le but de retrouver les traces du monastère de St Martin. Seuls les vestiges sous l'église ne seront pas recouverts et sont actuellement présentés dans cette crypte spécialement réaménagée. Elle est composée par les vestiges considérablement modifiés par des destructions successives de trois grandes périodes historiques : de la fin de l'antiquité jusqu'aux XIème et XIIème siècles.











La première période historique correspond à l'époque gallo-romaine (11ème et IVème siècle après J.C.) : le plus ancien témoignage architectural conservé dans cette crypte correspond à une vaste piscine gallo-romaine de plan rectangulaire. On voit encore à la base des murs le reste du sol bordé d'un épais boudin en mortier hydraulique rose assurant l'étanchéité du bassin. En 1952, le Père Coquet conclut que cette piscine à ciel ouvert se trouvait dans la cour d'une villa, grande demeure rurale de l'antiquité tardive, et pensa dégager l'entrée monumentale de cette villa sous l'actuelle médiathèque. 
Le résultat des fouilles a été réinterprété autour des années 2000. Pour ce second point de vue, la piscine est le centre d'un sanctuaire, alimenté par les sources du coteau. Le bâtiment en demi-cercle serait alors le vestige arasé d'un temple gallo-romain dédié au Dieu Lug, de la fin du IIIème ou du début du IVème siècle, reposant sur des restes de bâtiments du IIème siècle. Le nom le plus ancien de Ligugé est Locoteiaco qui pourrait se traduite par : la maison de Lug. Saint Martin se serait alors implanté au sud de Poitiers, missionné par St Hilaire pour détruire un lieu de culte païen, et christianiser le site. Mais c'est dans la piscine romaine, alors asséchée et abandonnée que Martin se serait installé dans un habitat provisoire.


La deuxième période historique correspond au Haut Moyen-Age IVème au XIème siècle après J.C. : sur les fondations gallo-romaines ont été implantés un lieu de culte mérovingien puis une église carolingienne. Pour la période postérieure à St Martin, soit le début de l'époque mérovingienne, le peu de vestiges conservés impose de garder deux hypothèses pour la restitution des plans d'édifices. Soit un grand bâtiment édifié sur toute la longueur du bassin gallo-romain asséché, qui pourrait aussi bien être un édifice culturel qu'une construction profane, soit un bâtiment plus réduit n'occupant que les trois quarts du bassin antique se terminant par une abside semi-circulaire. Dans cette seconde hypothèse, la façade d'un autre édifice dotée d'un passage encadré par les tambours de colonnes antiques élevé entre le IVème et le XIème siècle après J.C. est visible au fond de la crypte. Une hypothèse plus récente voit dans ses tambours une réutilisation d'éléments antiques pour l'entrée Est d'une grande église construite au début du VIème siècle, soit à la fin du règne de Clovis Ier ou sous l'un de ses fils. La deuxième construction serait alors une église de moindre dimension avec entrée à l'opposé, bâtie à la fin du VIème siècle. 
Sur le côté Nord on peut voir un couvercle de sarcophage du XIIème siècle après J.C. avec un croix à triple traverse et une inscription latine dont la traduction est : "Ariomeres, serviteur de St Martin, priez pour moi", épigraphie dont la datation n'a pas encore été établie de manière certaine. A côté, on remarque une cuve de sarcophage mérovingien, et en face, du côté sud de la crypte, ce sont deux cuves de sarcophages de la même époque dont une pour un enfant. Il semble que l'église et l'abbaye aient été détruites lors des troubles avant ou après la bataille de Poitiers. en 732. Les chroniqueurs mentionnent l'église St Hilaire, alors hors des murs de Poitiers, totalement ravagée par l'armée musulmane. L'abbaye de Ligugé, assez proche, a dû subir le même sort. Le déplacement et le comblement d'une partie de l'église mérovingienne font d'ailleurs penser à un abandon du site puis à sa réoccupation. 
L'époque carolingienne (VIIIème et IXème siècles) voit une reconstruction sur des plans différents. Une nouvelle église est élevée sur les ruines de la première. Son vaste plan déborde de la crypte et sera repris par l'église romane. Sa partie souterraine, avec une abside et des absidioles semi-circulaires à l'Est, a été reconnue sous les murs romans de la crypte actuelle. Près de l'entrée de la crypte, a été déposée une dalle tumulaire épigraphe carolingienne mentionnant un abbé du début du IXème siècle, dont seul un monogramme est visible, qui édifié ou plutôt réédifia une basilique à St Martin. En voici la traduction : "Sous cette tombe git le corps de.......... abbé de bonne mémoire. Il a édifié la basilique de St Martin et il est mort en paix le 14 des calendes de Novembre. Il fut de grande foi, de très sainte vie. Il a quitté le siècle. Pour le Christ. Amen". Une importante nécropole va se développer à l'ouest de cet édifice dès l'époque mérovingienne, à l'emplacement de l'allée pour se rendre à l'église actuelle. Après une période d'intense construction pendant la première moitié du IXème siècle, le site est à nouveau abandonné, sans doute pendant tout le Xème siècle, du fait des raids normands.




La troisième période historique correspond au Moyen-Age (XI au XIIème siècle après J.C.) : l'aménagement d'une crypte sous le chevet de l'église romane. A la fin du XIème et au début du XIIème, à l'initiative des comtes du Poitou, une vaste église dédiée à St Martin fut édifiée, en plusieurs campagnes, sur les restes de l'église carolingienne. Elle est bâtie sur le plan d'une nef unique à transept et abside, chaque bras étant muni de sa propre abside dans l'axe du bâtiment. Vous vous trouvez actuellement sous l'abside centrale de cette église romane. Seul le bras Sud de l'église a été conservé. Il constitue la base du clocher de l'église sur le côté droit du portail. Le bras Nord a été redécouvert lors des fouilles de 1954 et on peut voir la base des murs arasés à gauche du portail. Cette salle enterrée, résultat de deux campagnes de fouilles, met en évidence la crypte romane à trois nefs qui recouvre la substructure carolingienne. De la nef, on accédait à cette crypte, par deux escaliers à vis, vraisemblablement construits à l'emplacement des accès carolingiens. L'ensemble était décoré de peintures murales dont il ne subsiste que quelques témoins dans le transept sud sous le clocher. Cet ensemble représente le Festin d'Herode, et indique la présence d'une chapelle de St Jean-Baptiste. La crypte était également recouverte de peintures murales, ainsi que l'attestent quelques traces sur le montant supportant un tailloir et un départ de voûte de la nef nord. 
Voici brièvement résumé quelques siècles d'une abbaye qui compte plus de 1650 ans d'existence : l'abbaye St Martin.









L'existence de cette chapelle est attestée au moins depuis la fin du XVIème siècle, mais elle est probablement bien plus ancienne (Lucien-Jean Bord propose la seconde moitié du 13ème siècle). En 1598, elle apparaît dans un procès-verbal de visite des biens du prieuré Saint-Martin de Ligugé. Elle est alors signalée en ruine. En 1611, elle est de nouveau signalée dans un procès-verbal mais elle n'est plus présentée comme une ruine. Elle a sans doute fait l'objet de travaux entre les deux. Elle subsiste jusqu'au milieu du XIXème siècle, époque à laquelle elle est restaurée. A la fin des années 1840, des travaux sont entrepris sous l'impulsion du curé de Ligugé, Joseph Ogeron de Ligron. Le bas-relief au-dessus de la porte date apparemment de cette époque. La chapelle est officiellement inaugurée le dimanche 16 juin 1850 en présence de Monseigneur Pie évêque de Poitiers. A la fin du XIXème siècle ou au début du XXème, des travaux ont été réalisés par Alexandre dit Chapelle (entrepreneur de ciment à Poitiers) comme le suggère une plaque au sol près de l'entrée du bâtiment. A noter que la chapelle est mentionnée dans les sources les plus anciennes comme chapelle Saint-Martin. Il semble que ce n'est qu'au XIXème siècle qu'elle commence à être connue sous le nom de chapelle du Catéchumène en référence au "miracle" de Saint-Martin. 
Cette chapelle est située dans le bourg de Ligugé. Elle a un plan allongé orienté. Les murs sont construits en moellon recouvert par un enduit et en pierre de taille. La couverture est un toit à longs-pans en ardoise. La façade occidentale est ouverte par un portail en arc brisé à trois voussures. La porte est encadrée de chaque côté par trois colonnes avec des chapiteaux à motifs végétaux soutenant une frise à motifs végétaux. Le tympan est orné d'un bas-relief. La partie supérieure de la façade est un clocher-mur surmonté d'une croix. Les ventaux sont en métal. Le mur côté est est ouvert par une baie en arc-brisé fermée par une verrière.




L'ancienne filature de Ligugé


La filature de Ligué, ancien fleuron industriel de la Vienne : l'ancienne filature est propulsée au 2ème rang dans la Vienne, derrière la manufacture d'armes de Chatellerault, grâce à l'explosion du marché du textile dans la deuxième moitié du XIVème siècle. Si elle résiste aux guerres mondiales, l'effondrement de la filière textile en 1950 exige une reconversion partielle. Une unité de fabrication de pots de yaourts en carton paraffiné maintient l'activité jusqu'au début des années 1970. Suite à la faillite en 1976, puis à l'abandon définitif du site en 1982, s'en suivent 30 années de friche industrielle pendant lesquelles le site devient dangereux faute d'entretien. Lorsque la collectivité envisage la démolition complète, les propriétaires lancent en 2007 un ultime appel à qui pourrait sauver la filature. 
L'histoire de la filature et du bâtiment actuel est intéressante mais trop longue à écrire (voir sur le site Internet ci-dessous)
https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/filature-de-liguge/32701




Le déversoir des vannes Saint-Pierre

L'usine utilise la force hydraulique tout au long de son histoire. Suite aux aménagements hydrauliques du XIXème siècle, le Clain se divise en trois bras en amont de la filature au lieu-dit "Le Trident" :
- un bras part vers Ligugé : le Divan qui se déverse 1.5 km en aval dans le Clain,
- le bras d'amenée part vers l'usine et l'étang,
- le Clain, après le déversoir, c'est un bras de décharge qui évacue le surplus d'eau.
Pour créer une hauteur de chute puissante (2.50 m) et la retenue d'eau nécessaire, un ouvrage a été implanté sur chacun des bras du Clain. La pièce maitresse du dispositif est la chaussée déversoir béton appelée "Chaussée Saint-Pierre".  
La Chaussée Saint-Pierre, plus communément appelée les Vannes Saint-Pierre, est un grand déversoir qui permet de caler le niveau de la retenue d'eau. Le surplus est évacué grâce au système de clapet mobile semi-automatique et aux deux portes en bois. Les vannes à cinq portes en bois à crémaillères du Divan permettent la régulation précise entre les trois bras. Les vannes à deux portes de la Filature sont fermées en temps normal pour passer un maximum de débit dans les biefs des turbines. Elles sont ouvertes uniquement en cas de surplus d'afflux d'eau. Le débit moyen du Clain est de 20 m³/seconde.

Et voilà le résumé d'une belle journée....

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