Rappelez-vous, le 7 Février, nous vous mettions l'eau à la bouche en vous parlant d'une rando-surprise ! La tour de la Côte-au-Chapt, le mouton qui vous attend derrière son grillage et qui a disparu depuis ce temps-là, un arbre bien tordu... Patrick qui m'emmène avec lui, sécateur dans le sac à dos, et qui ne sait pas dans quel état nous allons trouver les chemins. Il en perdra ses bâtons (qu'il retrouvera sur notre retour), là où nous avions pris la pause "viennoiserie/café". Ce jour-là, nous partons du Breuil jusqu'à Oradour-St-Genest mais il faut revenir : 33 km au compteur ! même pas fatiguée. Nous ferons la deuxième partie du repérage le 25 Février : Oradour-St-Genest jusqu'au Dorat aller-retour avec, en plus, le circuit des 7 clochers (une bonne vingtaine de km). Nous partons ce matin-là avec un magnifique lever de soleil dans la brume. Et pour votre pique-nique, nous repérons une belle table multicolore au plan d'eau d'Oradour. Mais ce n'est pas facile de garder la surprise jusqu'au bout ! Et puis ce système de navettes que Patrick nous met en place... 1 voiture, 2 voitures, 3 voitures ?? les sécateurs à prévoir, et les chemins ? débouigés, pas débouigés ? quelle organisation ! enfin, on vous avait même commandé le soleil en passant là-bas. Rendez-vous était donné au petit village du Breuil, pour ces 23 km tant attendus, en partant du Saut de la Brame, Thiat, Oradour-St-Genest pour arriver au Dorat.
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Jean-Yves est en arrêt devant Ondine |
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Ondine |
Les nymphes, divinités féminines, aiment se baigner dans les étangs, les cascades et les rivières à la faveur des jours radieux. Elles sont bienfaisantes et fertilisent la nature. Elles peignent leurs longs cheveux avec des peignes d'or et d'ivoire. Elles protègent les fiancés qui viennent plonger dans leur source, inspirent même les humains et peuvent guérir leurs maux.
Si seulement elles pouvaient guérir la hanche de Jean-Yves !
On peut penser que celle qui joue ici dans l'eau et sur les rochers a élu domicile au château de la Côte au Chapt, tout proche. Peut-être que Jean-Yves se laissera éclabousser par ses ondes bienfaisantes et son énergie rayonnante.
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Vestiges du château de la Côte au Chapt avec donjon du XIIIème siècle |
Situés sur la rive gauche de la Brame, à la frontière de la commune de Thiat, non loin du hameau La Chaume au Nord de la commune, s'élèvent les restes du donjon de la Côte-au-Chapt. Le château appartenait aux Lusignan et fut démoli au cours des XVIIIème et XIXème siècles. Les vestiges du château sont classés Monuments Historiques depuis 1988, le donjon et le sol de la parcelle depuis 1989.
Le château ne présente plus que des vestiges de murs et un donjon de plan quasi-circulaire. L'entrée s'effectuait par un accès à plus de cinq mètres du sol, qui n'est plus aujourd'hui qu'une importante brèche. La partie haute est couronnée par des fenêtres de guet quadrangulaires. La muraille du donjon est percée de meurtrières, bretèches et latrines. Le plan intérieur présente un hexagone irrégulier. Les étages ont disparu. Un escalier intérieur en vis très étroit était aménagé dans l'épaisseur de la muraille. L'enceinte extérieure formait un quadrilatère renfermant le donjon au sud-ouest. L'ensemble repose sur une levée de terre en plate-forme. Cet ensemble présente un intérêt archéologique en tant que témoin important de l'architecture militaire féodale, notamment à cause du donjon dont peu subsistent de cette époque.
Nous passerons devant le Moulin de Bram. A l'origine, il dépend de la Seigneurie de la Côte au Chapt. Depuis la Révolution Française, il appartient à la même famille de meuniers. Au XXème siècle, le moulin s'industrialise et devient une usine à farine très réputée. L'histoire du Moulin de Bram est très difficile à cerner. Le moulin lui même apparaît très tardivement dans les documents. Les archives de la Maison-Dieu de Montmorillon concernant le Prieuré de Longé (Darnac) ne mentionnent à aucun moment ce lieu entre le XVème et le XIIIème siècle. Il ne s'agit pas non plus de le confondre avec un autre "Moulin de Bram" situé sur la commune de Dompierre-les-Eglises qui est très ancien. Le Moulin de Bram de Thiat apparaît avec de vagues précisions sur la carte de Cassini dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Les archives de la justice de Darnac contiennent un fait divers qui nous permet de mieux cerner son histoire. En 1750, le meunier de Bram est jugé pour avoir "fauté" avec sa servante. Il est précisé que le moulin appartient au Seigneur de la Côte-au-Chapt. Si le site apparaît tardivement dans les sources, c'est peut-être qu'il avait une autre fonction. Des documents font état d'activités de tanneries. D'ailleurs, les parcelles sur le cadastre, à proximité, portent curieusement le nom de "tanneries", ainsi que le pont en amont du moulin (photo ci-dessus). C'est une modeste construction qui figure sur le cadastre napoléonien (1830).
Au début du XIXème siècle, Jean Sarrazin est propriétaire et meunier du Moulin de Bram. Il meurt avant 1804. Sa veuve se remarie et l'apporte dans sa corbeille de mariage à Sylvain Devaud. Le moulin reste dans leur descendance jusqu'à aujourd'hui. Les Devaud, Dutheil et Gladelle se succèdent dans la propriété du moulin et l'exercice de la profession de meunier. En 1938, Pierre Gladelle entreprend des transformations concernant le bief et le barrage. Plusieurs campagnes d'agrandissement sont visibles sur la façade du moulin. La famille Gladelle monopolise alors les contingents, autrement dit les droits de moudre les grains des autres moulins de la Brame et développe son entreprise. Une locomotive tournant au diesel permet de relayer l'énergie hydraulique. Ce système très bruyant (on entendait la machine pétarader nuit et jour à plusieurs kilomètres) est remplacé par un fonctionnement électrique. Le Moulin de Bram porte le nom de cette très belle rivière, plus communément appelée "La Brame". La légende raconte qu'elle porte son nom du brame du cerf dont le bruit ressemble aux torrents du saut de Bram. Les documents anciens ne confirment pas cette interprétation. D'après les textes anciens (XIème et XIIIème siècle) le mot vient du latin Brenus et est orthographié Bren. L'origine est donc à rapprocher du mot "Brenne" qui signifie marécage.
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Ce pauvre mouton n'a pas voulu vous attendre.....vous n'avez pas fait attention, il est sorti ! |
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Un passage par Thiat |
Le village de Thiat : à l'origine, il s'agit d'un simple hameau de la paroisse, puis commune de Darnac avec une chapelle isolée dédiée à St Léger, à quelques centaines de mètres dans la campagne. Toutefois, le village se distingue, très tôt, par ses activités artisanales de poterie et de tannerie, et revendique une "autonomie" politique vis-à-vis du bourg de Darnac. Il faut attendre la deuxième moitié du XIXème siècle et l'installation d'une communauté protestante pour que Thiat devienne paroisse catholique et commune indépendante.
Thiat est un "village rue", c'est-à-dire qu'il s'est développé le long d'une route. D'ailleurs, les plus anciens documents du XVème siècle font référence à une "via" ou à des "charraux", plus précisément un axe routier important. Nous pouvons reconnaître l'origine du mot "Thiat" à travers une donation réalisée au profit du chapitre collégial du Dorat au début du XIème siècle : "catiaco".
Le hameau de Thiat fait partie intégrante de la paroisse St Jean de Darnac, dépendant du diocèse de Poitiers mais appartenant au chapitre collégial du Dorat. Trois seigneurs principaux ont la mainmise sur Thiat depuis au moins le XVème siècle. A l'entrée du village côté sud, une métairie appartient au seigneur de la Côte-au-Chapt, le reste dépend de la mouvance de la seigneurie de la Perrière (Oradour-Saint-Genest) et du prieuré de Longé (Darnac). Cet habitat groupé a une activité économique intense à travers la tannerie et la poterie. La toponymie est marquée par cet artisanat comme le hameau de la Poterie ou le pont des Tanneries.
La chapelle Saint-Léger est l'autre élément important à noter. Attestée au XVème siècle, elle fait l'objet d'une légende liée à un hypothétique village portant le nom de Saint-Léger (qui est en réalité une dédicace tardive de la chapelle), détruit par les anglais. Ces faits sont invérifiables historiquement, la seule chronique relatant le passage du Prince Noir en 1356 dans la région ne mentionne nullement le village de Thiat. Le cadastre napoléonien permet de situer exactement la chapelle, dont les restes ont été complètement détruits en 1845 entre Thiat et La Touche. La chapelle St Léger ne figure ni dans le pouillé du diocèse de Limoges, ni dans celui de Poitiers. Elle semble être plus sûrement une annexe de l'église de Darnac, issue peut-être d'un ancien prieuré dépendant de la Maison-Dieu de Montmorillon ou lié à la Seigneurie du Ché (commune de Lathus). D'ailleurs, au XVIIème siècle, le curé de St Jean de Darnac est aussi celui de St Léger de Thiat. La ruine de cette chapelle n'est pas étrangère au sentiment d'abandon des habitants très dynamiques de Thiat qui répondent favorablement à l'offre d'un pasteur protestant consistant à y établir une communauté dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Le gouvernement impérial de Napoléon III répond à cet affront par la construction d'une église catholique dédiée à la Vierge et par la formation d'un territoire communal. La nouvelle commune de Thiat comporte alors une communauté protestante et une communauté catholique avec un temple et une église et deux parties dans le cimetière (Michaël Thoury).
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Voilà ce qu'il se passe quand les "débouigeurs" n'ont pas fait leur boulot ! |
L'histoire de quelques moulins sur la Brame, un peu trop cachés....
Chez Daubusson doit son nom à une famille de marchands originaires de la ville d'Aubusson et installée au Dorat au XVème siècle. A l'origine, le moulin appartient probablement à l'ancien prieuré de La Trimarderie, dépendant de la Maison-Dieu de Montmorillon et rattaché au Prieuré de Longé (Darnac) après sa ruine. Le moulin est détruit puis reconstruit à un autre emplacement au XIXème siècle. Au siècle suivant, il sert de pressoir à pommes. Le moulin de Chez Daubusson se situe à proximité de l'ancien site de la Trimarderie (ou Trimardière). .
Le prieur donne à cens, autrement dit concède ses biens à des familles qui en ont la jouissance presque totale - ils peuvent transmettre ou vendre leur bien - en contrepartie des rentes annuelles et d'hommage au seigneur. Les Daubusson vendent le moulin à Odet de Fondan, seigneur de Roche en Rancon qui le revend lui-même en 1571 à François du Rivaud, seigneur du Vignaud. La très belle maison de maître du Vignaud construite à cette époque avec son porche-colombier, ses douves et son très bel escalier est à admirer. Le moulin passe ensuite à Pierre Teytaud, marchand-bourgeois au Dorat, comme en témoigne un document de 1610 "Accensement du moulin à Pierre Teytaud, l'aîné marchand au Dorat, la terre de la rivière tenant d'une part au moulin appelé de chez Daubusson appartenant audit Teytaud dautre au pont gabaud dautre au chemin quon va à la boujonnière".
En 1688, Jean de la Josnière, conseiller du roi, alors seigneur du Vignaud, achète le moulin et en rend hommage au Prieur de Longé. L'ancien moulin figure sur l'île dans le cadastre de 1838, il est détruit en 1886. L'actuel moulin est une construction récente. Au début du XXème siècle, Baptiste Guillemot, nouveau propriétaire, utilise la force motrice de l'eau pour broyer et presser les pommes. Cette petite entreprise perdure jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale (Michaël Thoury).
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Vestiges du moulin de l'écorce |
Les fondations d'un ancien bâtiment et d'une écluse, en bon état, sont les seuls restes du moulin de l'Ecorce. Pourtant, cet endroit a une histoire très intéressante. Attesté dès la fin du XVème siècle, le moulin de l'Ecorce porte successivement les noms de "Moulin de Chinquioux" puis "Moulin de l'Abbé". Au XVème siècle, le moulin dépend de la seigneurie du Pescher, paroisse de Voulon (actuellement le Pêcher, commune du Dorat) qui est un fief mouvant du chapitre de chanoines de l'église collégiale du Dorat. En 1499, l'abbé du Dorat fait saisir les biens des héritiers de Pierre de Jardon, écuyer, seigneur du Pescher, pour faute d'hommage et s'approprie le moulin. L'abbé du Dorat, en tant que seigneur bayle d'Oradour-St-Genest ne dispose pas encore de moulin sur l'ensemble de sa seigneurie. Au XVIème siècle, le moulin de l'Ecorce est acensé à Jean Chinquioux, autrement dit, l'abbé le concède à des tenanciers qui peuvent le transmettre ou le vendre, en échange d'une somme d'argent, trois chapons, deux poules et six voyages à mulet dus annuellement. Après la révolution, le chapitre n'existant plus, le moulin est vendu à un particulier. En 1836, la famille de Jean Bertrand y exerce toujours la profession de meunier. En 1904, le nouveau propriétaire, Monsieur Meynioux, entreprend des travaux au niveau du barrage. Le moulin ne semble plus en fonction vers 1911.
A l'origine, le moulin de l'Ecorce avait deux roues : l'une pour moudre les "bleds" et l'autre pour presser l'huile comme en témoigne le meunier Anthoyne de Laflavanderie dans le terrier de la seigneurie du Pescher en 1499. D'importantes réparations du bâtiment sont entreprises en 1648 où il est curieusement question de deux moulins dont l'un n'a plus de meule. Pour cette occasion, l'abbé du Dorat commande un millier de tuiles et un millier de briques avec deux tonneaux de chaux. Le long de la rivière, un garde-fou protégeait les passants. A la fin du XIXème siècle, la grange joignant le moulin est détruite et l'écluse est refaite en 1904 (Michaêl Thoury).
L'accès à la rivière est primordial pour chaque seigneurie, ce qui explique cette succession de moulins. Celui de la Rivalerie est pris en étau entre le moulin du roi et le moulin de l'abbé. Il est aussi associé à un autre moulin dépendant d'une métairie à Chinquioux, dont les traces ont disparu, appelé moulin Marot. La Rivalerie, autrement dit "la rivière dans la vallée" est un petit fief attesté dès le XVème siècle, composé d'un logis, d'une métairie -les bordes- et du moulin banal. Le logis, situé à quelques centaines de mètres, a un plan rectangulaire avec deux tours d'angle sur la façade nord et une tour-escalier en demi hors-oeuvre, au centre sur la façade sud. La tour-escalier sert aussi de colombier. Si le logis a subi quelques aménagements, de nombreux éléments d'origine subsistent, comme une latrine en encorbellement. Jean-le-Breton, écuyer, est le premier seigneur connu de la Rivalerie lorsqu'il comparait au ban en habit d'archer en 1470, à Guéret. Comme de nombreuses familles de la petite noblesse, les Le Breton vendent leur fief au milieu du XVIIème siècle à une famille de la bourgeoisie, les Philippes. Joseph Philippes est lieutenant-criminel de la sénéchaussée du Dorat en 1640, époque à laquelle il acquiert la Rivalerie. En 1652, les troupes du cardinal Mazarin, pour mater la noblesse, aurait pillé le château de la Rivalerie selon les mémoires du chroniqueur Pierre Robert, Président-Lieutenant-Général de la sénéchaussée du Dorat. En 1670, son fils Jean Philippes, chanoine du chapitre collégial afferme "le moulin dépendant du lieu noble de la Rivalerie sictué sur la rivière de Bram entre le moulin de la Dapeire et le pont de Chinquioux appelé le moulin Marot". Cette famille possède également, au cœur de la ville du Dorat, la très belle maison appelée "le bastiment", appelée aujourd'hui "hôtel de la Pouge".
La Rivalerie passe par alliance à la famille Laurens de Fontbuffeau au XVIIIème siècle. En 1836, Joseph Desbrousses et Jacques Perrin sont meuniers à la Rivalerie. Le nouveau propriétaire, Alfred de Mascureau entreprend en 1874 la démolition, puis la reconstruction du moulin. Lors de la réparation du barrage, à la fin du XIXème siècle, le comte Jacques de Lichy de Lichy, neveu de Mascureau, déclare son moulin comme étant un "moulin à huile". Au XXème siècle, le château de la Rivalerie, alors propriété de la famille Bapt, brûle en partie. De son côté, le moulin, propriété de la famille Reynaud, devient un restaurant pendant une courte période.
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Une pause pique-nique au plan d'eau d'Oradour-Saint-Genest |
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Eglise du XIIème siècle |
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Il va falloir refaire l'escalier ! |
Toujours de très belles photos accompagnées de commentaires très instructifs, merci et félicitations à la personne qui fait tout cela, bravo
RépondreSupprimerMerci pour votre visite sur notre blog et à très vite pour d'autres nouvelles....
SupprimerEt encore une belle rando.... culturelle! Y’à pas que les marguerites et les oiseaux pour rendre les gens HEUREUX.
RépondreSupprimerIl suffit que Jean-Yves regarde Ondine et ça le rend HEUREUX.....
SupprimerTout commença par la lecture d'un panneau d'information et deux cerveaux se mirent à cogiter... Puis nos deux GO partirent en reconnaissance en nous envoyant des indices photographiques. Enfin, cette rando mystère démarra du saut de la Brame que nous avions tant de mal à quitter, tant l'endroit est magnifique pour nous amener au Dorat par les chemins. Nous nous sommes régalés de voir toutes ces fleurs printanières, troupeaux de toutes sortes et tout ce bâti, notamment les moulins qui jalonnaient la Brame. Et cerise sur le gâteau, nous avons toutes les données historiques... Ils sont vraiment complets ces GO !
RépondreSupprimerJe confirme, on pourrait y passer des heures dans ce lieu enchanteur
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