mercredi 10 juillet 2024

Grande rando à Availles-Limouzine

Encore pas très engageant le temps ce matin, ciel gris, quelques gouttes d'eau au lever du jour, quelques gouttes d'eau sur la route, et toujours quelques gouttes d'eau en arrivant à Availles-Limouzine. Il faut juste se dire que ça va s'arranger malgré de gros nuages menaçants et tout ira bien sur les 24 kilomètres que nous aurons parcourus.

La ville d'Availles-Limouzine est mentionnée dans les archives depuis le début du XIème siècle à cette époque sous les termes "Vicaria Avalia". La ville s'est développée à proximité d'un point de passage sur la Vienne sans doute important. Elle se situait sur un chemin saunier connu à la fin du XIème siècle, et pratiqué tout au long du Moyen-Age, qui partait de la côte Atlantique pour aller vers le Limousin. La ville fut fortifiée au cours du Moyen-Age sans que l'on puisse donner plus de précisions. En 1480, elle fut considérée comme l'une des principales villes du Poitou, même si elle dépendait pourtant à cette époque de la Basse-Marche. 






La pause café-brioche- confiture près de la Vienne






Les voraces de confiture



Franchir la Vienne n'était pas chose facile, la rivière étant très large à cet endroit. Plusieurs grandes étapes peuvent être évoquées. Dans un premier temps, il est probable que la Vienne se traversait à gué, ce qui pose le problème majeur de passages tributaires du niveau des eaux. Au Moyen-Age, un pont permettait de franchir la rivière. Cependant, probablement vers 1350, ce pont fut détruit pendant les luttes franco-anglaise de la guerre de Cent Ans. En 1500, un texte précise qu'il y avait "jadis un pont sur la Vienne mais qu'il n'existe plus à cause des guerres". 
Le passage à bac : pendant longtemps, Availles fut démuni de pont et la traversée se faisait par un passage à bac. Il est mentionné dans un texte de 1657. La carte de Cassini, vers 1750, et le cadastre de 1825, le matérialisent parfaitement, allant d'une rive à l'autre, sur le site au nom évocateur : "Le Port". La construction du barrage hydroélectrique de Jousseau sur la commune de Millac, entre 1926 et 1928, a ensuite provoqué une montée des eaux et modifié le paysage.





























Une assiette pour deux



La porte des Cavaliers


La ville fortifiée

Availles-Limouzine, ville fortifiée - le cadastre de 1825 permet d'appréhender la partie fortifiée entre la Vienne et le ruisseau de l'Arribat. Au moins 2 portes en protégeaient l'accès L'une côté intérieur, la porte des Cavaliers (1) et l'autre sur les bord de la Vienne dite "porte de la rivière" (2). 
La porte des Cavaliers tiendrait son nom du souvenir laissé par les régiments de cavalerie qui logeaient chez l'habitant et passaient leur quartier d'hiver à Availles. 
Cette porte conserve encore les glissières de la herse qui permettait de clore et de protéger l'entrée de façon efficace. Seule la tour située à droite est encore visible, celle de gauche, aujourd'hui englobée dans une maison, est nettement représentée sur le cadastre de 1825. En 1725, un acte d'arrentement, entre le seigneur du lieu et un maître charpentier, précise que la tour de droite était dépourvue de toiture et était attenante à la place de la doue (terme utilisé pour évoquer les douves), et que la tour de gauche, située près d'une ruelle qui rejoignait l'Arribat, servait de prison. Le maître charpentier devait entretenir le bâti mais ne devait en aucun cas modifier les murailles. Le seigneur du lieu, le Duc de Mortemart, semblait donc vouloir se démunir de ces constructions, mais souhaitait en garder la présence, les fortifications symbolisant aussi la seigneurie.

La porte des Cavaliers








Le château : à proximité du pont actuel, se dressait un château, vraisemblablement depuis le Moyen-Age. Depuis le XIVème siècle, Availles était le siège d'une chatellenie dépendant du comté de la Basse-Marche, territoire couvrant l'actuel sud du département de la Vienne et le nord du département de la Haute-Vienne. De ce château, il reste bien peu d'éléments anciens. Comme l'ensemble de la ville, il semble avoir souffert de la guerre de Cent-Ans et des guerres de Religions. Le 27 juillet 1796, la maison fortifiée qui a remplacé le château, appartenant au dernier seigneur d'Availles, Victurnien de Rochechouart, fut vendue et "le château totalement tombé en ruine" est alors évoqué.







Une noyeraie

Vitrail contemporain
Vitrail du chœur

Le décor et le mobilier : le décor de l'édifice reste sobre. La clef de voûte du chœur, ornée du blason de la famille d'Archiac, rappelle sa contribution à la reconstruction de l'édifice. La chapelle dite de Vareilles, dédiée à la Vierge, abrite aussi quelques éléments d'un retable en bois du XVIIIème siècle, représentant la Vierge à l'Enfant, entourée de St Pierre et d'un archevêque. Autrefois, cette Vierge était vénérée sous le nom de "Saint Fieu". Les fidèles la priaient pour obtenir la guérison de diverses inflammations cutanées et notamment le mal des ardents appelé aussi feu de St Antoine. Jusqu'au milieu du XXème siècle, l'église abritait une statue de la Vierge qui était portée en procession, le lundi de la Pentecôte, jusqu'à la chapelle de Boisse à quelques kilomètres du bourg, afin de protéger la paroisse des épidémies. La statue orne aujourd'hui l'autel de la chapelle de Boisse et une statue plus récente la remplace dans la nef de l'église. L'édifice conserve des vitraux du XIXème siècle, réalisés par l'atelier poitevin des Frères Guérithault. Le grand vitrail du chœur, inscrit dans une baie de style gothique flamboyant, représente St Martin et St Hilaire entourant la scène de la Transfiguration. L'atelier monastique de St Benoit sur Loire a réalisé plusieurs des vitraux contemporains de l'église.

L'église Saint-Martin
L'église Saint-Martin apparaît dans les textes vers 1090. Elle dépend alors de l'abbaye St Cyprien de Poitiers. L'église romane est en grande partie reconstruite au XVème siècle. grâce à la générosité des seigneurs d'Availles, la famille d'Archiac. Au XVIIIème siècle, les seigneurs de Vareilles, propriétaires du château du même nom aujourd'hui disparu, contribuent à l'embellissement de l'édifice avec la reconstruction de la chapelle dédiée à la Vierge, au nord du chœur. Cette chapelle accueille des sépultures de la famille de la Broüe de Vareilles. L'église a bénéficié de plusieurs phases de restaurations au XIXème et XXème siècles. 



Porte de la rivière

La ville fortifiée d'Availles se situait en bordure de Vienne, sur la rive gauche. La porte de la rivière permettait d'accéder à un pont médiéval, détruit pendant la guerre de Cent Ans. Le vestige d'une culée est visible sur la rive droite, face à l'espace fortifié. A cette époque, la Vienne était en partie navigable et les rives étaient sans doute aménagées en quais afin d'accéder à la ville. Les parties des murailles les mieux préservées se situent de ce côté de la ville. La porte de la rivière était flanquée de deux tours carrées, en partie conservées. L'une d'elle a été surmontée d'un pigeonnier. Comme pour la porte des Cavaliers, les glissières de la herse restent encore visibles. Un peu plus loin, une tour circulaire représentée sur le plan cadastral de 1825 et sur le tableau de Marcel Charles-Cornet, est encore en place à proximité du ruisseau de l'Arribat. 

Le tableau de Marcel Charles-Cornet

Les laveuses au repos !!!!

Les tireurs de sable (carte postale de 1898)

L'activité sur les bords de Vienne : jusque dans les années 1950, ces bords de Vienne voyaient se côtoyer les laveuses et les tireurs de sable. Les premières venaient laver leur linge, agenouillées sur les selles, puis remontaient la rue des cavaliers avec leurs brouettes. Les seconds sortaient des eaux de la rivière le sable utilisé pour les constructions. Ces bords de Vienne furent aussi un lieu de promenade pour les habitants qui suivaient la rivière, puis l'Arribat, bordé de jardins. Les pêcheurs, quant à eux, ne dédaignaient pas venir y taquiner le goujon.

Les laveuses (carte postale de 1950)


Les ponts du XIXème siècle : le XIXème siècle a vu la construction de deux ponts. Le premier, réalisé par les frères Escarraguel fut ouvert au public le 24 août 1839. Il s'agissait d'un pont suspendu qui a causé de nombreux soucis d'entretien. En 1892/1893, la commune confia la construction d'un pont métallique à la société Eiffel. Deux piles en pierre furent construites dans le lit de la rivière. Le tablier métallique, constitué d'une seule voie, devint vite insuffisant avec l'augmentation du trafic routier. Cet ouvrage d'art a été remplacé en 1951 par un pont à béton à deux voies. Seules les piles centrales évoquent le souvenir du pont Eiffel.

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