mercredi 31 juillet 2024

La "rando-saucisson" trimouillaise et liglétienne

"L'appel du saucisson" : rien de tel pour faire sonner le réveil de très, très bonne heure. Il est 6 h 30 à La Trimouille et nous partons pour 24 km. Ce matin, le thermomètre affiche 16° à 5 heures, le ciel est couvert et pour une fois, nous sommes bien contents de ne pas trop voir le soleil. Nous sommes benaises (avant de la traverser ???) une bonne partie de la matinée, mais......



Ce panneau est tout crotté mais Jean-Yves va faire le ménage
pour que je vous conte l'histoire du chemin que nous empruntons

Ce parcours rectiligne est celui de la voie ferrée empruntée par le train Montmorillon/Le Blanc/St Aigny, par Journet, La Trimouille et Jemelle de 1886 à 1980. Le travail réalisé est considérable, la construction d'un réseau exige des ouvrages d'art, des gares, du matériel fixe et roulant, c'est à dire un investissement matériel et humain qui ne peut se concevoir qu'en se souvenant, qu'au XIXème siècle, l'automobile n'existait pas. La première invention date de 1890 et bien peu lui prédise un bel avenir. Deux témoignages posthumes nous informent sur le trafic : 

"J'habitais St Léomer, lorsque je travaillais à Montmorillon entre 1928 et 1930, je prenais le train à Journet pour venir à Montmorillon. Il y avait 3 classes, j'allais en troisième avec des banquettes en bois. La gare de Journet était une petite gare de voyageurs et de marchandises à côté. Ce que j'ai ressenti tout de suite, c'est l'odeur du charbon de la locomotive." (Jean Neveu)

"La gare de Jemelle était utilisée par des voyageurs qui voulaient aller à Montmorillon, à Limoges et à Poitiers mais le trafic de marchandises était le plus important. C'étaient des engrais et produits divers pour l'agriculture et des denrées alimentaires en messagerie." (Edmond Souchaud) 

Ed
Carte postale "le train en gare de Montmorillon" début du XXème siècle (Edition Goudaud)

Le train qui dessert Liglet est tracté par une locomotive Polonceau, construite aux ateliers Paris-Orléans d'Ivry en 1855. En 1914, l'intégralité de la série des vieilles locomotives était en service au dépôt de l'Etoile du Blanc, un nœud ferroviaire dont le réseau rayonnait sur le Centre-Ouest de la France.

Le train passait sur le pont construit entre Jemelle et Courtevraud


Dans le cadre du programme "trame verte et bleue", la commune de Liglet a planté une haie le long du sentier qui conduit à la gare de Jemelle, car ce paysage était d'abord un bocage, parcouru de petits chemins ombragés favorables à la contrebande du sel jusqu'à la fin du XVIIIème siècle. Nous sommes encore en Poitou, mais très proche de l'Indre, autrefois du Berry.
Le sel est un produit indispensable à la vie des hommes et des animaux, et à la conservation des aliments. Sous l'Ancien Régime, un impôt, la gabelle, est généralisée mais toutes les provinces ne paient pas la même taxe. Le Berry est un pays de grande gabelle, le sel est très cher, de 12 à 13 sous la livre et les habitants sont soumis à un minimum de consommation annuelle obligatoire. En Poitou, province rédimée, qui a racheté les droits dus au Roi, le sel est vendu entre 1 et 2 sous la livre. 
Ces disparités encourageaient la fraude et le faux-saunage. Le faux-sel était pris dans les greniers à sel, ou salorges du Poitou avec la complicité des salorgiers et des habitants.
A Liglet, dont la situation frontalière est favorable, une bande de faux-sauniers profitait de la situation et passait du sel du Poitou, peu imposé, au Berry fortement taxé. Le trafic cessera à la Révolution avec la suppression de la gabelle. 


Lorsqu'ils étaient pris, les faix-sauniers étaient emprisonnés, condamnés à de lourdes amandes, fouettés sur les marchés, marqués au fer rouge et envoyés aux galères puis au bagne.

Le soleil commence à s'infiltrer dans les bois



La source de Glandon est une résurgence en milieu calcaire des eaux issues de l'étang des Brousses. Elle jaillit au cœur d'un espace boisé qui associe chênes, charmes, puis fougères, mousses et lichens. Le site est protégé, caractérisé par l'abondance de la fougère scolopendre (Asplenium scolopendrium) qui prospère dans les milieux humides, ombragés, sur sols calcaires mélangés à des graviers et sables et par l'ail des ours (Aillium Ursinum), plante magique aux vertus thérapeutiques. Ce site, emblématique pour Liglet, exprime les relations entre l'homme et son environnement. La source était très importante dans la vie des habitants pour abreuver les troupeaux, puiser l'eau potable, laver le linge..... Le moulin de Glandon, cité aux XVIIIème et XIXème siècles, était installé sur le ruisseau en aval de la source.
Jusqu'au milieu du XXème siècle, un bélier hydraulique a été utilisé pour monter l'eau au château du Poiron. Il subsiste un bassin d'alimentation, une cheminée d'équilibrage et un abri avec le bélier à l'intérieur.




Voilà près de 2 h 30 que nous marchons, il est environ 9 h 00
la pause-café à la source de Glandon est la bienvenue







Ici, nous avons failli perdre Josiane qui a entamé une petite descente vers le ruisseau





La chapelle Ste Marguerite de Marcilly (façade occidentale)

La façade occidentale de la chapelle a été modifiée au cours des siècles. La baie de l'étage n'est pas contemporaine de la première construction et le pignon a été amputé. La restauration a fait disparaître la porte charretière qui avait été percée lorsque la chapelle servait de grange. 
En 1093, la chapelle de Marcilly, dédiée à la Vierge "Capella Sancte Maria de Marcilliaco", est citée comme dépendance de l'abbaye bénédictine de St Savin. Au début du XVIIème siècle, le prieuré porte le vocable de Ste Marguerite et se compose de la chapelle, d'une maison priorale et de dépendances. A la Révolution, le prieuré et la chapelle sont vendus et passent dans le domaine privé. La chapelle est alors transformée en bâtiment agricole. En 2001, le rachat de la chapelle par la commune va permettre sa restauration.
La chapelle a donc été restaurée grâce aux financements des collectivités et aux dons des particuliers par le biais de la Fondation du patrimoine. La restauration s'est déroulée entre juin 2005 et juin 2006. La transformation en bâtiment agricole avait modifié la distribution intérieure : mur entre nef et sanctuaire, plancher pour la création d'un fenil, ouverture d'une porte charretière en façade occidentale.... Le chevet était éventré et les peintures subissaient les intempéries. La charpente était en mauvais état, les contreforts latéraux avaient été arrachés. Un chantier important s'imposait. Les murs ont été consolidés, le pignon restauré, les contreforts, la charpente et les couvertures refaits. Le chevet, à moitié détruit, a été reconstitué avec trois baies étroites, formant un triplet. La voûte de style gothique été complètement refaite en bois et métal puis recouverte de chaux. La toiture a été réalisée en tuiles plates, traditionnellement utilisées dans cette zone du Montmorillonnais touchant le Berry. 
Les baies du sanctuaire ont été fermées par des verres thermoformés reproduisant des motifs très sobres, dit "cisterciens". 


Le site faisait l'objet d'un "voyage", sorte de pèlerinage local auprès de Ste Marguerite qui avait le pouvoir de faire marcher les enfants en retard. Un linge était frotté sur une statue de la sainte puis sur l'enfant dans l'espoir de le voir marcher plus vite. La statue a disparu mais le voyage a néanmoins perduré. La dévotion s'est alors portée sur un médaillon situé en façade, se substituant à la statue de la sainte. 

Scène du jugement dernier (décor du XIVème)


Au Moyen-Age, une église est considérée comme achevée lorsqu'elle a reçu son décor peint, fût-il  modeste. La chapelle de Marcilly n'échappait pas à cette règle. Aux XIè XIIème siècles, la chapelle a bénéficié, comme l'abbaye dont elle dépendait, d'un décor peint roman de grande qualité.
L'arc triomphal (ci-dessus) séparant la nef du sanctuaire, développe sur sa partie interne, l'intrados : un beau décor géométrique, alors que les baies présentaient encore quelques fragments de faux appareil. Le décor de l'arc a été réalisé avec la technique de la fresque. Les pigments, mélangés à de l'eau, étaient posés sur un enduit à la chaux encore humide, "frais".

Le décor peint (au-dessus de l'arc triomphal) a été réalisé à la détrempe sur un badigeon. Les pigments mêlés à un liant, étaient posés sur un badigeon sec. Cette technique, plus facile que celle de la fresque, reste plus fragile. Ces peintures, situées dans un espace ouvert à tout vent avant la restauration, ont malheureusement beaucoup souffert. 

Le sanctuaire






Le sanctuaire a reçu un décor historié à la fin du XIVème siècle sur le mur le séparant de la nef. Quelques vestiges permettent d'évoquer une scène du Jugement dernier, avec le Christ en gloire surmontant la résurrection des morts. Dans le registre inférieur de la scène, les ressuscités sortent de leurs sarcophages. La partie haute du décor a disparu lors de la construction de la voûte d'ogives. Ce thème, fréquent à la fin du Moyen-Age, figure par exemple au revers de la façade de l'église Notre-Dame à Antigny. Ces peintures sont également datées du XIVème siècle. 



Je vous avais bien dit que c'était l'année des méduses.....




Et dire que Marc et Philippe se sont pris pour des gamins !!!

Et maintenant, il faut sécher les pieds et les méduses





Tonke a traversé la Benaize avec les chaussures de rando
et il randonne avec ses claquettes !


OUF ! il est grand temps pour la pause-saucisson à Liglet


HEUREUX.....

Ah le rosé.....
... elle se cache derrière Jean-Yves pour planquer sa bouteille


Maintenant, direction La Trimouille pour le pique-nique


Ah le mijot....

Il est près de 14 h 00, il fait très chaud, et le mijot est très frais


Salade haricots verts/pommes de terre/tomates cerises

Et pour finir le repas : salade de fruits frais

Le mijot et la chaleur ont épuisés les corps


4 commentaires:

  1. Ah la rando saucisson...elle va encore faire des souvenirs! N’empêche qu’elle était super et si c’était à refaire,je planterai mieux le bâton et m’arrangerai pour que Jean-Yves s’implique plus.....merci pour ces belles photos et tous ces commentaires très enrichissants.

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  2. Tout est dans le planté de bâton Josiane... quant à l'implication de Jean-Yves, je te laisse le motiver !

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  3. Nous avons bien failli voir les sources du glandon de plus près avec ces glissades incontrôlées ! Les méduses sont tendances à la ville... mais sont surtout indispensables pour traverser ruisseaux et autres Bénaize ! On pourrait prévoir une commande groupée pour les Escarp'haims non équipés.
    Cette journée était très diversifiée, rando amphibienne du lever du soleil à son zénith, découverte de patrimoine et restaurations variées. Tout cela mérite bien une petite sieste compensatrice

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    1. Dommage, la Hoka-méduse n'est pas encore référencée ! Devons-nous soumettre l'idée au fabricant ? la chaussure-glacière serait une bonne idée aussi car ce mercredi, il était temps de plier les gaules ... vive le mijot !

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