C'est de Bénavent (petit hameau de la commune de Pouligny-Saint-Pierre), au pays des chèvres qui ont disparu, que nous sommes partis à une heure bien matinale. Pour boucler ce grand circuit de 22 km, et éviter les rayons un peu trop mordants du soleil, la bonne idée était de partir dès 6 h 30. Encore une fois, les féru(e)s de rando n'ont pas hésité à se lever aux aurores....
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Pas facile pour faire les carreaux |
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Nous apprécions déjà les sous-bois |
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Le viaduc du Blanc |
Le jeux des 7 erreurs ?
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Michel a trouvé son bonheur |
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Notre pause-café |
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Abbaye de Fontgombault : le pique-nique de 11 heures, le petit déjeuner est déjà très loin nous avons déjà près de 16 km dans les jambes |
Direction la Réserve Naturelle Régionale du Bois des Roches : aujourd'hui, le Bois des Roches est constitué à plus de 90 % de chênes pubescents. Mais ce paysage a-t-il toujours existé ? Quel est l'âge des arbres qui nous entourent ? En 1900, Monsieur Olivier Charbonnier, alors maître d'école et passionné d'archéologie et de géologie, fait une description très précise du plateau des Roches :
"Au sommet, le hameau émerge parmi les rocs. A l'Ouest surtout, les arbres percent, sur une grande étendue, la mince couche de terre végétale. Un désert de plusieurs hectares domine la vallée : c'est le bois des Roches où ne croit aucun arbre et où la flore ne comprend guère que des chétives graminées, entre les pierres que semblent ronger les lichens".
Alors, que s'est-il passé ?
En 1925, le géographe C. Duplan décrit également le bois des Roches "le vaste plateau calcaire qui surmonte l'escarpement des roches (...) est tout aussi pierreux et même plus déchiqueté ; mais par suite, des genévriers et des buis qui croissent en abondance, bien que misérablement, il ne donne pas autant que les rochers du Veillon, l'impression d'un vaste champ de calcaire aride".
En 1971, on remarque une progression ligneuse spectaculaire. Le site a perdu 75 % de ses pelouses à genévriers. Une fruticée (formation végétale où dominent des arbustes, des arbrisseaux et des sous-arbrisseaux) dense les remplace. Les broussailles de 1950 se sont transformées en taillis et en bois.
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C'est reparti vers Bénavent pour 6 petits kilomètres dont une partie dans le bois des Roches |
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Un paysage sec et aride plein de vie et de couleurs |
Nous voici sur le plateau. Ici le sol calcaire impose des conditions de vie parfois extrême pour le vivant. Et pourtant, des espèces animales et végétales ont su s'y adapter. Et c'est pour les préserver que cette "pelouse calcaire" est comme autrefois, entretenue par du pâturage une partie de l'année, associé à un débroussaillage mécanique si nécessaire.
Les arbres et les arbustes de la forêt : nous voici à nouveau dans la forêt, composée principalement d'un boisement thermophile (qui aime la chaleur) de chênes et de quelques frênes. Cette forêt est un habitat patrimonial qui porte le nom scientifique de "hêtraie-chênaie-calcicole" - bien que le hêtre y soit désormais rare - car elle se développe sur un sol calcaire. Ce milieu naturel est assez répandu sur la vallée de la Creuse mais il présente un fort intérêt à l'échelle régionale. La rareté et la richesse de ce type de forêt imposent de conserver de manière intégrale ses peuplements de faunes et de flore.
Le bois mort : la forêt qui s'est installée est aujourd'hui trop dense, il n'est plus possible de retrouver le paysage aride et rocailleux d'antan. Seules quelques zones ouvertes sont entretenues. Cependant, cette forêt qui évolue librement, sans action humaine, est très intéressante pour les oiseaux et les insectes en particulier. Les arbres grandissent, vieillissent et meurent sur place. Et c'est tout un cycle de vie et de recyclage de matière qui est à l'œuvre.
Lors d'un inventaire effectué sur la réserve naturelle en 2017/2018, un petit coléoptère assez rare dans le bassin parisien, a été découvert : le taupin gradé. Cette espèce dite saproxylique (dont le cycle de vie est lié au bois mort ou mourant) se rencontre dans les vieux boisements de chênes.
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Imaginez qu'il y a 150 millions d'années, on pouvait observer ici une mer chaude où proliféraient des récifs de coraux ainsi que d'autres organismes |
Un paysage façonné au fil du temps : la falaise sur laquelle vous vous trouvez, et qui domine la vallée de la Creuse, est constituée de calcaires marneux (mélange de calcaire et d'argile à coraux) et de calcaires récifaux formés durant l'Oxfordien supérieur (Jurassique : de - 163.5 à - 157.3 millions d'années).
Ces calcaires sont parcourus par un vaste réseau karstique, le plus important de la région Centre-Val de Loire, façonnant sous vos pieds pas moins de 34 grottes ou cavités. Ce site est un exemple de karst dit "cutané" ou épikarstique, constitué de galeries creusées naturellement, en particulier sur le haut des versants ensoleillés, lors des phases de réchauffement du Quaternaire. Certaines d'entre elles ont fait l'objet d'explorations. Elles sont aujourd'hui surveillées pour leurs population de chauve-souris, très sensibles au dérangement.
Le solutréen (paléolithique supérieur) entre - 22000 et - 17 000 av. J.C. - les restes de grands et de petits mammifères retrouvés lors des fouilles de l'abri Fritsch situé quelques mètres plus bas, indiquent qu'à cette époque, un environnement extrêmement froid et sec régnait sur le plateau tandis que le fond de la vallée devait présenter quelques zones humides. La grande faune est alors dominée par le renne, le cheval, le cerf, le bouquetin et l'antilope Saïga.
Le badegoulien (paléolithique supérieur) entre - 18 500 à - 16 000 ans av. J.C. - les conditions climatiques semblent moins sévères, avec des zones boisées assez importantes, indiquées par la présence de restes de sangliers et d'écureuils dans cette couche géologique.
Ce matin quel plaisir de lire toutes ces infos ! C est très intéressant d imaginer la vie d avant, où on rencontrait encore des chèvres à tous les coins de chemins... maintenant elles sont si rares en extérieur si on pourrait se demander comme se fabrique le très bon Pouligny saint Pierre 😉 ce fut une belle journée débutée aux aurores, mais l avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Certains l ont bien compris
RépondreSupprimerLecture à faire avant ou après le ménage... En effet, on se demande comment ils fabriquent ce délicieux Pouligny ? pauvres chèvres qui ne profitent plus beaucoup des pâturages. On a surtout compris qu'il fallait réorganiser la journée pour avoir droit au mijot !
SupprimerCette traversée du bois des roches est une très belle découverte. C'est un paysage qui nous emmène en vacances... L'historique de ce lieu, est la cerise sur le gâteau !
RépondreSupprimerAprès s'être régalé par le paysage, nous nous sommes régalés par les papilles... il était crop bon ce mijot
Dans le bois, à l'idée de la dégustation du mijot, nous avions déjà les papilles qui frétillaient...
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