dimanche 31 juillet 2022

Chez les Podiennes et les Podiens

Les Podiennes et les Podiens, c'est ainsi que se nomment les habitants de La Puye. A la fraîcheur matinale, nous partons pour une rando de 16 km que nous allons terminer sous un soleil un peu trop cuisant. Mais tout ira pour le mieux pour le pique-nique.....


La Puye : 7000 ans d'histoire
Bien que la première trace de présence humaine sur notre territoire puisse être estimée à plus de 7000 ans, c'est toutefois à la construction d'un prieuré par les moines fontevristes de Robert d'Arbrissel en l'an 1111 de notre ère que remonte la création de La Puye. Sur des terres en friche qu'ils s'attacheront, des siècles durant, à rendre plus hospitalières grâce à d'exceptionnels travaux hydrauliques qui constituent, aujourd'hui encore, un élément remarquable des paysages de notre région. 
Reconnue paroisse dès 1295, grâce à l'arrivée massive de population autour du Prieuré, La Puye gagnera ses lettres de noblesse en tant que terre d'asile lorsqu'au XVIIIème siècle un nombre important d'Acadiens poussés à l'exode viendront trouver refuge le long de ce qui deviendra "la ligne acadienne".
Voyant sa population plus que doubler au cours du XIXème siècle et durant la première moitié du XXème, La Puye se trouvera, comme un nombre important de villages alentours, confrontée à l'exode rural vers les villes au lendemain de la seconde guerre mondiale. Triste paradoxe pour celle qui aura toujours su tirer sa richesse de l'accueil des réfugiés, fussent-ils acadiens, harkis, ou simple ermite....
Signe de la capacité de la commune à relever tous les défis, dont ceux du XXIème siècle, La Puye comptait 610 habitants au dernier recensement (2013) et a vu sa population progresser de près de 6 % au cours des 10 dernières années avec l'arrivée de nouvelles familles. Preuve s'il en est du fort potentiel de la commune alors même que ses plus proches voisines que sont Paizay-le-Sec, Lauthiers, Ste Radegonde, La Bussière ou St Pierre de Maillé et Chauvigny, ont durant la même période perdu plusieurs centaines d'habitants.

Le lavoir du petit étang de La Puy

Situé en contrebas du petit étang et autrefois alimenté par le trop-plein du bélier hydraulique qui amenait l'eau de la fontaine aux Dames vers le bassin central du couvent, ce lavoir est incontestablement le mieux conservé et apparaît comme le plus intéressant d'un point de vue architectural de par la qualité de sa charpente ou de son environnement.





















Couleur d'automne précoce pour cet acacia

Et la petite pause-café


Oh belle surprise, il ne nous a pas entendu


Eglise St Hilaire de Cenan

Placée sous le vocable de St Hilaire, l'église de Cenan est un édifice d'apparence modeste mais qui bénéficie d'un environnement agréable avec sa petite place plantée sur sa face sud. Ancienne paroisse acadienne, cette commune fut rattachée en 1819 à celle de La Puye.
A une nef courte de plan rectangulaire à laquelle on accède par le mur gouttereau sud, succède un chœur de deux travées, couvert de voûtes sur croisées d'ogives et se terminant par un chevet plat. L'édifice de moellons enduits est couvert de tuiles plates. Seule est d'ardoises la flèche du clocher qui couronne curieusement la sacristie, accolée au côté occidental de l'église et, pour ainsi dire, conçue comme un bâtiment indépendant.
La charpente présentait plusieurs désordres, notamment dans le chœur où la rupture de pièces l'avait fait basculer sur les voûtes, induisant des poussées néfastes. Par ailleurs, la disparition d'une ancienne chapelle au nord avait désorganisé les contrebutements. Et la pose des tirants venait gêner la lisibilité du maître autel de qualité (1770).
Pour la restauration de la maçonnerie, de la charpente et de la couverture du chœur, la Sauvegarde de l'Art Français a donné une aide de 8 000 € en 2013 (Elisabeth Caude).


Inscrite sur la liste des Monuments Historiques, l'église St Hilaire de Cenan, dont la présence est attestée dès le XIIème siècle deviendra, à la fin du XVIIIème, la paroisse des Acadiens réfugiés en Poitou. A noté que l'édifice a bénéficié de toute l'attention des habitants de La Puye afin d'en assurer la préservation en collaboration avec la Fondation du Patrimoine, partie prenante dans le financement des quelques 120 000 euros nécessaires à la réalisation de la première tranche de travaux. On remarquera, outre le magnifique retable du XVIIIème siècle (classé M.H.), le très original ensemble formé par la sacristie, surmontée du (minuscule) logement du curé, sous la flèche couverte en ardoises.


Le lavoir de Cenan

Rattaché à la commune de La Puye en 1819, le lavoir de Cenan, dans lequel jaillit encore l'eau de la fontaine Ste Anne, ne résonne plus depuis déjà bien longtemps du rire des lavandières, mais son eau bienfaisante autrefois recommandée aux futures mamans afin qu'elles aient du lait toute l'année, apparaît encore bien limpide.



Dommage que cette belle cabane n'ait pas été restaurée




En pleine digestion les filles

Et le papy aussi


Après ce pique-nique bien agréable à l'ombre des arbres, près du petit étang de La Puye, nous allons rendre visite à la Congrégation des Filles de La Croix.....

Magnifique cloître



Tournant important dans l'histoire de la Congrégation, la création de la Maison-Mère de La Puye, au cœur des vestiges d'un ancien Prieuré fontevriste du XIIème siècle. Un ensemble vendu en tant que bien national au lendemain de la révolution, racheté grâce à la fortune personnelle de Jeanne-Elisabeth, et aux fonds soulevés auprès de riches donateurs à travers toute la France.
La Chapelle conventuelle de La Puye : construite entre 1868 et 1874, la chapelle "conventuelle" a une capacité de 400 places assises environ (hors travées). En y entrant, on est frappé par la hauteur des voûtes et le jeu de la lumière sur la pierre et les vitraux. Traversant la nef en franchissant la grille de chœur, en bois ouvragé du XVIIème siècle, provenant de l'église des moniales, on ne peut qu'être impressionné par la majesté des lieux. De part et d'autre de l'autel, sont installées les châsses de Ste Jeanne-Elisabeth et St André-Hubert.
Bien que le cloître originel ait presque entièrement disparu, l'actuel datant de 1931, offre à la méditation et au repos. La cour centrale, qui se trouve sur l'emplacement de l'ancien cimetière fontevriste, est aménagée d'un bassin qui recevait l'eau de la fontaine aux Dames, pour alimenter la partie intérieure des bâtiments. On peut aussi voir, dans l'enceinte de la congrégation la petite maison où vivait André-Hubert Fournet et la cellule de Ste Jeanne-Elisabeth 




La châsse de Ste Jeanne-Elisabeth



La châsse de St André-Hubert Fournet




samedi 30 juillet 2022

Message d'un coin de verdure

Je vous transmets le message de Mr et Mme Barathieu, les propriétaires du magnifique jardin que nous avons visité à Bourg Archambault lors d'une randonnée.

Chers randonneurs, bonjour,

Nous allons bien et le jardin aussi, il n'a pas souffert de la chaleur. Voici une photo, avec la photographe. Nous avons fini par trouver le blog de la randonnée.

Il faut féliciter les photographes pour leur coup d'œil, les cadrages et la mise en page du blog.

Nous avons aussi trouvé  les photos de votre passage en mai 2021. Beaucoup de photos en peu de temps. Nous sommes impressionnés par toutes les randonnées organisées par votre association. Si vous avez l'occasion de passer près de chez nous, n'hésitez pas à venir nous voir.

Amicalement, Michèle et Jacques.

 


mercredi 27 juillet 2022

A Azay-le-Ferron, rando rime avec château...

C'est au départ d'Azay le Ferron que nous nous sommes donné rendez-vous pour une boucle de 19 km, avec de belles allées et encore quelques tapis de verdure. Notre journée continuera avec une visite guidée du château....

Le château d'Azay le Ferron
Voiture décapotable





L'allée des papillons














Une roulante (voiture cantine ambulante militaire)

Cette roulante, détournée de l'armée d'armistice par des responsables du Maquis Carol, fut acheminée en ces lieux par leurs soins. Elle servait à la confection des repas pour les Maquis Carol et d'Epernon. 
Elle était le point central des bivouacs de ces deux unités. Avant de quitter ces lieux qu'ils avaient investis les 23 et 24 juillet 1944, les Allemands la détruisirent à l'explosif afin de la rendre inutilisable. 
Par la suite, les roues (sur pneus) et les 4 marmites firent l'objet d'un pillage.

Souvenir des Anciens de la Résistance










Le château d'Azay-le-Ferron apparaît aux yeux des visiteurs comme un exemple typique des beaux châteaux de la Loire. Il est pourtant situé aux portes de la Brenne. Azay-le-Ferron, dépendant de la Baronnie de Preuilly sur Claise, était par conséquent situé dans la province de Touraine.
Le château est constitué de quatre parties construites à différentes époques : la tour Frotier (fin XVème, l'aile d'Humières (mi-XVIIème), le pavillon François 1er (XVIème) et le pavillon Breteuil (XVIIIème). Les communs, dits l'aile Cingé, sont quant à eux du XVIIème siècle et sont reliés au château par une galerie inspirée de celle du château de Valençay et construite en 1926.
Plusieurs grandes familles ont été propriétaires d'Azay-le-Ferron, notamment Grégoire Michel, banquier pour les armées de Napoléon. Le château a, par la suite, été vendu en viager, au XIXème siècle, à la famille Luzarche, famille de "Maîtres de Forges". En 1951, Madame Hersent, fille de Madame Luzarche, a légué le château et le domaine attenant à la ville de Tours.
Monsieur Luzarche entretenait un bel équipage de vénerie dont la devise était "Jusque au bout". Un loup empaillé, dénommé "Cacao", est exposé dans le grand escalier. Son histoire mérite d'être racontée : un jour, alors qu'il chassait le loup à courre, l'équipage d'Azay attrapa une louve qui venait de mettre au monde des louveteaux. L'un d'entre eux fut capturé et apprivoisé, pois il participa à la chasse avec la meute de chiens. A l'âge de douze ans, devenu aveugle, il se noya dans l'un des bassins du parc du château et, en souvenir, fut empaillé.



La décoration du château a été largement remaniée par ses derniers propriétaires et ne garde que peu de traces des états antérieurs au premier tiers du XXème siècle. Lorsque Georges Hersent et son épouse, qui en sa qualité de fille aînée avait hérité de la propriété, prirent possession des lieux vers 1925, d'importantes transformations furent entreprises. Tout en conservant les collections familiales, le couple Hersent les enrichit d'apports personnels. Même si des aménagements furent nécessaires pour l'ouverture au public en 1953, autant pour garantir la sécurité des œuvres que pour rendre le parcours historique plus intelligible, le visite du XXIème siècle découvre un cadre de vie caractéristique du confort, du goût et de la sociabilité qui se manifestent à travers la vie de château entre 1850 et 1950.

La visite guidée traverse 15 pièces, chacune d'entre elles étant richement meublée avec harmonie et respect des styles. Au château d'Azay-le-Ferron, se côtoient les signatures des plus grands ébénistes : P.Laroque, Avisse, Leleu, Jacob Frères, Stockel... Des tapisseries, des tapis, des tableaux viennent compléter l'ensemble.

La petite salle à manger

Afin de faciliter le circuit, la visite débute par cette petite salle située dans le pavillon du XXIIIème siècle, dit "Breteuil". Réservée aux repas intimes et familiaux, sa décoration fut modifiée à la demande de Marthe Hersent dans les années 1930 (peintures des solives en particulier).
L'ameublement est complété par un beau buffet du XVIIIème siècle, caractéristique de la production de Fourques près d'Arles, par quelques peintures de natures mortes du XVIIème siècle et une belle aquarelle de Karl Reille montrant Victor Luzarche au milieu de son équipage.
Les trophées de cervidés et de sangliers rappelle l'attachement des Luzarche puis des Hersent à la tradition de la chasse à courre et à tir, pratiquée dans les forêts avoisinantes comme en témoignent les plaques de laiton apposées sur les écussons et qui consignent la date, le lieu de l'épisode et le nom des participants.

La salle des gardes


Cette grande salle qui prend place dans l'aide construite au XVIème siècle rassemble le résultat des campagnes de chasse de Roger Luzarche d'Azay, frère de la donatrice, essentiellement au Soudan à la fin du XIXème siècle. Sans nul doute, le crocodile naturalisé, de forte taille, constitue la pièce la plus spectaculaire de ce bel ensemble. Une série d'estampes ironise sur le thème de la chasse exotique et une caricature de Sem, dessinateur très actif au début du XXème siècle à Paris, montre Roger Luzarche d'Azay face à un lion très impressionné par sa réputation de chasseur. La belle armoirie en chêne du XVIIème siècle est surmontée d'une horloge au timbre fleurdelisé et daté 1660.





La cuisine

Les diplômes accrochés au mur du couloir menant aux cuisines attestent les récompenses obtenues par le vignoble d'Azay lors de différentes foires internationales et rappellent les activités viticoles du domaine jusqu'au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
Cette pièce constituait la principale des cuisines du château. Elle a conservé son décor et ses ustensiles d'origine, parmi lesquels on peut remarquer des petites malles en tôle peinte en faux bois et tapissées de zinc qui servaient pour les pique-niques de chasse. Une belle collection de terres vernissées originaire de Touraine (St Pierre des Corps, St Christophe sur le Nais) a été rapportée du Musée des Beaux Arts de Tours. Les cuivres en usage dans la maison, tous marqués au chiffre de Georges Hersent, sont restés en place.

Magnifique piano de cuisson

Le frigo de l'époque









Une anecdote soulignant la richesse de l'aménagement intérieur mérite d'être racontée : au début du XXème siècle furent réinstallés dans le bureau de Mr Hersent un magnifique parquet en marqueterie, et dans le grand salon, un plafond à caissons, tous deux provenant d'un hôtel particulier sur la commune de Versailles. Un an de travail fut nécessaire pour le parquet afin de restituer une harmonie parfaite entre la pièce et le jeu des différentes essences de bois. Aujourd'hui, il serait impossible de réaliser ce parquet puisque certaines essences de bois n'existent plus.
















Crédit photo : Yves Brault


Les journées ne sont pas assez longues, nous n'avons pas eu le temps de visite le magnifique parc et les jardin du château...
Les jardins et le parc d'Azay-le-Ferron : serti dans un écrin de verdure, le parc se laisse découvrir avec beaucoup de plaisir des fenêtres du château, en flânant dans les allées du parc ou en se reposant à l'ombre sur les prairies.
Créé au XVIIème siècle, le parc a une superficie de 50 hectares : 18 forment le parc paysager et le reste est appelé "parc agricole". Les dispositions les plus anciennes ne sont connues que par la carte établie vers 1768 par le géographe Cassini. Quelques restes d'alignement existent encore et font l'objet de soins particuliers. 
Dès 1856, Antone Luzarche commande aux frères Bühler, paysagistes de renom, la reprise du parc sur 18 hectares. Aucune implantation n'est due au hasard. Quel que soit le point de promenade sur les allées, une scène nouvelle apparaît. Le parc agricole est intégré dans les perspectives, dans le jeu des volumes et des couleurs des bosquets de ceinture. De nombreuses essences exotiques sont introduites, en particulier, une collection d'arbres est créée.

A partir de 1920, des remaniements importants sont commandés par Georges Hersent. Il introduit les broderies de buis et des topiaires aux abords du château qui renforcent la cohérence architecturale des bâtiments. Il fera implanter un jardin de fleuriste à l'opposé des buis taillés. L'intimité et le sensoriel sont alors recherchés. Ce jardin s'intègre aux topiaires dans un enchaînement de scènes paysagères. 

Depuis 1996, des plantations et compositions ne cessent d'enrichir le parc dans un souci de renouvellement des arbres les plus âgés et de préservation de l'esprit autarcique des Hersent-Luzarche. 

1995-1996 : un verger conservatoire à base de pommiers et poiriers regroupant 160 arbres de 80 espèces différentes a été implanté. L'achat des plants a été financé par l'Université François-Rabelais de Tours, l'étude réalisée par les croqueurs de pommes de Touraine, les travaux effectués par les personnels de la ville de Tours, et la coordination du projet assurée par l'Office National des Forêts.

1999 : avec les conseils de la Société Pomologique du Berry et des Croqueurs de pommes de Touraine, un verger linéaire en espalier de vignes de tables composé de 80 ceps de 40 variétés différentes est installé contre le mur d'enceinte du potager.

2003 : un thématique sur le rosier voit le jour. Une collection de rosiers hybrides remontants de la fin du XIVème siècle, réplique d'une collection de la roseraie de l'Haye-les-Roses (Val de Marne) est plantée. Elle est composée de 168 rosiers de 56 variétés. En 2008, un cheminement historique de la rose des Romains à nos jours est implanté.

Les incontournables du parc :
- les orangers en bac, selon la tradition, offerts en 1896 à Marche Luzarche d'Azay à l'occasion de ses fiançailles avec Georges Hersent. Leur propriétaire faisant fabriquer un vin apéritif parfumé aux oranges amères qu'ils produisaient,
- les mosaïques, boulingrin, topiaires et perspectives à partir des fenêtres du châteaux,
- l'ensemble des topiaires de l'aile Cingé, la disposition et les formes qui évoquent les pièces d'un jeu d'échec,
- la succession des scènes de paysage et de massifs vue depuis le fond du jardin de fleuriste,
- le circuit de l'arbre, itinéraire initiatique à la botanique qui fait découvrir des arbres remarquables (cèdres, séquoia, thuya, etc....).