mercredi 30 août 2023

Rando Brigueillaise

Ouf ! on respire un peu ce matin, malgré notre départ un peu moins matinal. Ce n'est pas grand chose, mais une demi-heure de sommeil en plus, ça fait plaisir à ceux qui viennent de plus loin. Du bourg de BRIGUEIL-LE-CHANTRE, nous partons sur certaines boucles de La Font de la Fiolle pour 13 km...










Les fougères commencent à prendre leurs couleurs d'automne




Notre rituel de mi-parcours




Il cherche la photo parfaite ?






Le stagiaire....




On voulait une photo de femmes (Tonky n'a pas compris !)



dimanche 27 août 2023

Tous les Acadiens, toutes les Acadiennes......

Ce n'est pas dans le Sud de la Louisiane, ni dans un coin du Canada....mais entre les bras de l'Ozon, à ARCHIGNY, un petit village en Poitou qui, avant la 2ème guerre mondiale, vit tranquillement sa ruralité jusqu'au jour où la folie d'un homme ponctuée du bruit des bottes et des chars, vient couper la commune en deux.... On ne rêve pas d'Amérique, ce sera beaucoup moins loin, mais nous bouclerons nos 22 km sur les terres Archignoises.

Archigny et la ligne de démarcation : ici, comme sur 1200 km, de la frontière suisse à la frontière espagnole, la ligne de démarcation séparait la France en deux parties inégales entre juin 1940 et novembre 1942. Véritable frontière intérieure établie par l'occupant allemand consécutivement à l'armistice du 22 juin 1940, elle traversait 13 départements dont la Vienne sur 80 km sans tenir compte des limites départementales. La partie au Nord et à l'Ouest de cette ligne était appelée "zone occupée" par les Allemands. La partie au Sud, sous le contrôle du gouvernement de Vichy était appelée "zone libre ou zone non-occupée. La partie occupée du département de la Vienne comprenait 230 communes dont les deux principales : Poitiers et Chatellerault. La "zone libre" rattachée administrativement à la Préfecture de la Haute-Vienne regroupait 70 communes dont Montmorillon, Chauvigny et l'Isle-Jourdain. Dix-sept communes du département étaient coupées par la ligne, d'autres en étaient limitrophes. La ligne, jalonnée de part et d'autre de poste de garde allemands et français, supprimait la liberté de circulation des personnes, des marchandises et du courrier. Les Français étaient désormais contraints de présenter un "Ausweis" (laissez-passer) délivré par l'occupant et plus ou moins aisé à obtenir selon la condition du demandeur.


La ligne de démarcation n'était cependant pas infranchissable sans laissez-passer. Malgré son étroite surveillance et les risques d'arrestation, d'emprisonnement, de déportation et de mort, de multiples personnes n'hésitèrent pas à traverser la ligne clandestinement, essentiellement vers la "zone libre", comme des passeurs de courrier, des prisonniers de guerre évadés, des fugitifs, des familles juives illustrant par là les premiers actes de résistance. La situation évolua après le débarquement réussi, le 8 novembre 1942, des Alliés en Afrique du Nord française jusque là fidèle au gouvernement de Vichy : le 11 novembre suivant, les forces d'occupation allemandes envahissaient la "zone libre". La Vienne et la France étaient entièrement occupées. Pourtant, la ligne de démarcation ne disparut pas complètement. Les Français continuèrent de différencier les anciennes zones "occupées" et "libres" par les vocables de zone "nord" et zone "sud"  et les Allemands y poursuivaient le contrôle des déplacements des personnes juives. Ce n'est qu'après la libération du département, les 5 et 6 septembre 1944, que les communes de l'ancienne zone "libre" furent rattachée définitivement à la Préfecture de la Vienne. La Vienne retrouvait dès lors son intégrité territoriale et administrative.



La source de la Talbardière baptisée "Fons Alba" par les Romains pour devenir "Font Alba"

Archigny et la ligne acadienne : depuis longtemps, c'était "le grand chemin de Châtellerault à Saint-Savin"...en 1773, il deviendra la Ligne le long de laquelle le Marquis de Pérusse des Cars, propriétaire de nombreuses terres envahies de brandes, installe les Acadiens pour défricher son domaine. Puis, elle deviendra la Ligne-Acadienne autour de laquelle les fermes, dites acadiennes, construites au XVIIIème siècle, sont le seul patrimoine bâti français concernant cette page d'histoire. Colons français, partis outre-Atlantique dès 1604, les Acadiens, chassés de leur nouveau pays par les Anglais 150 ans plus tard, déportés lors du Grand Dérangement de 1755, reviennent, immigrés, sur leur terre d'origine et errent pendant une dizaine d'année sur les côtes françaises.
On proposera à un grand nombre d'entre eux de quitter le littoral pour participer à la formation d'une entité agraire en Poitou. Le principal protagoniste de l'implantation de l'établissement acadien en Poitou est Nicolas de Pérusse des Cars, marquis de Monthoiron, grand seigneur passionné par la physiocratie qui fait partie de ces esprits éclairés du siècle des Lumières prétendant que la richesse d'un pays provient essentiellement de son agriculture.
Née de sa rencontre avec Turbilly pendant la guerre de Sept Ans, une idée de défrichement fait son chemin. Il sera aidé, dans l'élaboration de son plan, par le surintendant de Blossac. Le gouvernement envisage l'établissement des Acadiens sur les terres du marquis dès 1773. Il accepte, espérant avec leur aide, prouver qu'il n'était écrit nulle part que les brandes poitevines dussent rester éternellement en brandes. Dès 1773, Pérusse propose un projet qui établirait 200 familles, permettant à chacune d'entre-elles, d'être propriétaire d'un terrain de 176 boisselées (mesure de Châtellerault), sur lequel seraient construites une maison, avec laiterie et étable, une grange et une cabane à outils. Deux bœufs, deux vaches, d'autres animaux et des outils viendraient compléter la propriété. Il ferait de la plus grande des fermes une école d'agriculture. Les terres et maisons destinées aux Acadiens sont situées de part et d'autre du "grand chemin". Sur les 30 maisons préconisées pour 1773 par l'abbé Terray, Pérusse n'en construit que 15. A terme, ce sont 150 fermes qui doivent être réalisées. Seulement 58 sont réellement édifiées. Leur plan est celui, non pas des petites borderies, mais des métairies poitevines de cette époque à savoir, une pièce à vivre, une grange et une écurie attenantes. Ces maisons, dites acadiennes, ne ressemblent en rien à celles, en bois, bâties en Acadie. Elles ne sont acadiennes que de nom puisque liées aux immigrés pour lesquels on les édifie. Il est impossible en si peu de temps d'extraire les pierres nécessaires à la construction. L'idée d'habitation en bois soumise par Blossac n'est pas retenue, celle de Pérusse l'est, différenciant ainsi l'habitation poitevine, en pierre de tuffeau, de celle construite pour les Acadiens. En effet, il décide de bâtir comme cela se fait en Normandie, des maisons aux murs de bauge. Toutes les maisons destinées aux Acadiens sont construites à l'identique. Les murs en pisé de brande ou bousillis reposent sur une assise d'un mètre de hauteur, composée de gros silex, des chailles et la charpente et les ouvertures sont en bois issu de forêts privées locales. Le sol est en terre battue et pour gagner du temps, le toit, en attente d'ardoise, est en brande. 
A cette ferme, s'ajoutent une fosse, ou mare, creusée pour récupérer l'argile destinée à la fabrication des fermes et qui restera en eau, et un jardin. Ces habitations, à la demande des Acadiens, sont réparties par villages allant de deux à huit habitations et s'échelonnent de part et d'autre du "grand chemin de Berry", renommé "La Ligne" ou "La Ligne Acadienne". Un puits, qu'il a fallu creuser, et un four, qu'il a fallu construire, sont disposés pour l'usage de trois maisons. Le village-type est celui des Huit-Maisons à Archigny, composé de 8 fermes échelonnées face à face le long du chemin allant de Marsujeau à l'Abbaye de l'Etoile. Suite au recensement en 2019, sur 58 maisons construites, 19 sont détruites, 39 sont encore existantes (soit maison d'habitation, soit grange et/ou servitude ou en mauvais état).


On pensait à un cirque à la campagne, mais c'est plutôt un barnum pour faire la fête


Le logis de La Talbardière

La première mention du fief, qui relevait de la baronnie de Monthoiron, apparaît en 1512. A partir de la fin du XVIème siècle, la seigneurie s'identifie à la famille Lucas de Vangueil qui occupe d'importants offices de judicature et de finance, tant à Chatellerault qu'à Poitiers et constitue un domaine évalué à 40000 livres en 1656. La demeure, située en bordure de la vallée de l'Ozon de Chenevelles, est entourée de nombreuses dépendances et d'une petite chapelle fondée par droit de patronage en 1619 : ses parties hautes ont été reprises mais subsistent les baies d'origine (date de 1621 gravée à la clé de la fenêtre axiale) ainsi qu'une niche eucharistique ornée d'une coquille (voir photo ci-dessous).
Le logis, simple en profondeur et de plan massé, est un bâtiment rectangulaire du XVIIème siècle, flanqué de deux tours carrées d'apparence médiévale, alignées sur la façade antérieure et disposées en retrait du côté jardin. L'harmonie de la façade sur cour résulte de la symétrie des percements et des contrastes de la stéréotomie : le beau parement des tours s'oppose au petit appareil irrégulier du corps central dont seuls les pleins de travée sont réalisés en pierre de taille. Le couronnement en mâchicoulis des tours, d'un bel effet plastique (consoles à deux talons droits), répond à une fonction plus féodale que guerrière. Seule une bouche-à-feu permettait un tir de flanquement. La façade sur jardin, irrégulièrement ajourée, a conservé des ouvertures anciennes.


Lors de notre passage devant le logis de La Talbardière, nous avons eu la chance d'y rencontrer le propriétaire qui a bien voulu nous ouvrir la chapelle pour une visite privée. 


La niche eucharistique



On dirait un petit coin de Provence

Et en plus, le propriétaire du château nous autorise à faire la pause-café dans un petit coin de jardin


De belles maisons dans le village de Villiers








Un four à pain



Le château de Marsugeau

Le premier site devait être romain, Marsugeau découlant de Marcigea. Il se dit que fut établie, dans les premiers bâtiments de cette propriété, une maladrerie. Il n'a été trouvé aucun document le prouvant. Toutefois, un indice, le nom du moulin pourrait le confirmer. La toute première famille dont la trace a été trouvée en cette propriété est la famille Pied. Puis, cette seigneurie passa du Duché de Chatellerault aux mains de la famille des Chasteignier de La Roche-Posay. Le seigneur de Marsugeau, par définition noble, portant le titre "d'escuyer de l'ordre du roy", "chevalier" et "marquis", avait le pouvoir de haute justice sur ses terres. Des courriers des XVème et XVIème siècles attestent de la présence au château de ses nobles occupants. Toutefois, l'exploitation des terres étaient confiée à un métayer. Subsistent des bâtiments médiévaux, la tour ronde de défense située à l'entrée du domaine.
Subsistent des bâtiments médiévaux, la tour ronde de défense située à l'entrée du domaine. Elle fait face à la grange aux dîmes dont la toiture vient d'être refaite début 2020 et y était reliée par un très beau porche. Un engin agricole trop haut a malheureusement fait tomber la clef de voûte de cette structure qui s'est effondrée. Le logis actuel a subi des modifications au fil des siècles. En 1773, des réfugiés acadiens furent logés au château de Marsugeau en attendant la fin de construction des fermes qui leur étaient destinées. Cette propriété est privée.




Comme Marc n'est pas là, c'est Sébastien qui vérifie cette culture : c'est bien du millet


Ouf ! il est temps de faire la pause pique-nique





L'église d'Archigny en vue








Une petite pause à l'ombre avant de remonter sur Archigny


Tonke a envie de plonger


Le lavoir d'autrefois devait être une marre alimentée par une source. Au printemps 1901, les laveuses du bourg s'adressent aux habitants et une souscription, lancée en faveur du projet tendant à faire cimenter le lavoir du bourg rapporte la somme de 196.50 francs pour 65 souscripteurs. Ces travaux ont dû être effectués conjointement à ceux liés à l'installation du bélier hydraulique. Le 30 Juin 1929, le maire, Ferdinand Hélie, donne connaissance au conseil municipal d'une souscription en faveur de la construction d'un hangar sur le lavoir. Souscription acceptée pour des travaux pendant l'exercice de 1930 où une somme de 3 000 francs est prévue au budget pour la réparation des ciments entourant le lavoir qui, nécessairement, doit être effectuée avant la construction du hangar. Lors de la session du 27 avril 1930, le conseil accepte les devis et cahier des charges concernant la construction d'un hangar sur le lavoir communal, ceci en conformité des crédits disponibles. Mais, le 12 octobre 1930, des réparations urgentes sont à effectuer au lavoir communal. Après délibération, le conseil accepte le devis et décide de faire exécuter les travaux le plus rapidement possible. Actuellement, le lavoir est toujours couvert d'un hangar en bois.


L'église Saint-Georges

Aucune description graphique d'époque n'existe, mais en étudiant l'édifice sur le terrain, il a été défini que l'apparence la plus proche serait au XIIème siècle. Une voûte en pierre, d'avant le XVIème siècle, a été évoquée sans preuve dans certains récits, mais il est raisonnable d'abandonner cette idée car, d'une part, les murs n'étaient pas assez épais pour la supporter, et d'autre part, une voûte en pierre était coûteuse alors que le bois était disponible à moindre frais grâce à la forêt recouvrant les terres de la région. Les dommages causés par l'homme interviennent surtout durant diverses périodes de guerres ou d'affrontements. L'église aurait, à l'instar de celles de communes voisines et de l'Abbaye de l'Etoile, été pillée et incendiée lors des guerres de Religion, de 1562 à 1590. La toiture et la voûte se seraient effondrées, ne seraient restés debout que les murs. D'autres dommages, tels des pillages, auraient pu être perpétrés en 1793, sans certitude toutefois, le village étant défendu depuis au moins le XVIème siècle par des soldats et des gardes du roi. La nature n'est pas en reste et des orages et une violente tempête détruisent clocher et église, notamment en 1711. Et si l'édifice subit de nombreuses reconstructions au fil des siècles, l'origine et l'architecture ne sont pas pour autant respectées. D'autres dévastations ou accidents sont certainement survenus entre le XIIème et le XVIème siècle, car il est aisé d'imaginer que durant 300 ans le clocher, au moins, fut foudroyé à maintes reprises. Mais la tenue des registres paroissiaux n'étant obligatoire qu'à partir du XVIIème siècle, nombreux sont les évènements non consignés, malheureusement.




De mon côté j'ai découvert une grande partie de l'histoire d'Archigny, j'espère que vous prendrez également plaisir à découvrir ou redécouvrir son histoire.....et quelle belle journée.