dimanche 7 juillet 2019

Rando en pays troglodyte

Aujourd'hui, c'est à Saint-Rémy-sur-Creuse que nous nous sommes donné rendez-vous pour une belle rando de 14 km. Merci à Mimi, Fifi et JBB qui sont partis en éclaireurs quelques jours avant pour nous préparer ce circuit.


Le village de Saint-Rémy-sur-Creuse est dominé par une imposante falaise de tuffeau, formée il y a 90 millions d'années. Dans le front de cette falaise, sur plus de trois kilomètres, ont été creusées au cours des siècles des habitations troglodytes. À l'origine, il s'agit de souterrains refuges de l'époque médiévale, de la période de la première guerre de 100 ans. Puis ces souterrains ont été récupérés et agrandis pour être transformés en habitat à partir du XVIIe siècle. Les conditions de vie dans un troglodyte étant très rudes, il s'agissait d'habitations réservées aux populations pauvres et marginales. Les autres habitants du village se sont donc aménagé progressivement des fermes plus modernes au fil des années. Ces habitations vont être abandonnées à la fin du XIXe siècle, mais des marginaux continuent d'y vivre jusque dans les années 1990. Le village de Saint-Rémy-sur-Creuse doit son nom au saint protecteur du Prieuré qui se trouvait sur les hauteurs du bourg au moment de sa création. Le nom de Saint-Rémy est alors associé à celui de la rivière qui borde le village, La Creuse.




De la prêle à profusion
La prêle : propriétés, bienfaits, vertus et atouts santé : au jardin, on connait le purin de prêle pour ses vertus phytostimulantes et pour lutter contre les maladies cryptogamiques qui peuvent s'y développer. Alors, rien d'étonnant à ce que cette plante sauvage offre également quelques bienfaits pour l'homme au niveau médicinal.

La prêle : reconnaitre la bonne prêle de la prêle toxique : la prêle des champs (Equisetum arvense) est celle que vous devez utiliser, bien qu'elle soit plus rare que la toxique prêle des marais (Equisetum palustre). Pour les distinguer, il faut regarder les tiges : si les feuilles et les épis y poussent en même temps, il s'agira de la prêle des marais. A l'inverse, la prêle des champs voit d'abord naître des tiges portant uniquement des épis puis elles laisseront place à des tiges ne portant que des feuilles en verticilles qui sont stériles.

Le château de La Chaise
Le château de la chaise à Saint Rémy sur Creuse a été construit aux XVe et XVIIe siècles (tours carrées, donjon avec machicoulis). Dominant la rive gauche de la Creuse, la forteresse fut construite dans la 1ère moitié du XVe siècle par la famille d'Aviau. Donjon de deux niveaux possédant à l'étage supérieur des mâchicoulis percés dans une galerie de pierre de taille portée sur encorbellements, recouvert d'un toit en ardoise. De celui-ci partent des courtines qui permettaient de circuler autour de l'enceinte. Seule une partie a été conservée après les transformations du XVIIe siècle. Seuls les murs intérieurs possédaient des ouvertures. A la même époque, le pont-levis a été supprimé, et le portail d'entrée agrandi. Une maison d'habitation communiquait avec le donjon par le premier étage, et joignait la seule tour carrée intérieure de l'ensemble...
























Le calvaire : situé face à l'église, le calvaire n'était qu'une simple croix de bois qui, peu à peu, fut rongée par le temps. Le 29 août 1948, au milieu d'une foule qu'on a pu évaluer à plus de 2 000 personnes, une croix fut solennellement plantée, après avoir gravi la colline sur un magnifique char tiré par des boeufs. Le 6 juin 1949, jour du pèlerinage annuel de la Grotte de Notre Dame de Lourdes, au milieu d'une foule encore plus nombreuse, le Christ fut posé sur la croix, clôturant l'une des plus belle journée mariale. 


Au coeur du village, un escalier en pierre qui compte 126 marches et paliers. Il a été construit par la municipalité en juin 1952, pour permettre à tous un accès plus facile à l'église, au cimetière et à la Tour de Ganne (vestige du château fort bâti par Richard Coeur de Lion). L'aspect sauvage et le coteau broussailleux ont été conservés. Ceux qui le gravissent ont l'agréable surprise, en fonction de la saison et de la densité de la végétation, de découvrir le village en contrebas et la vallée de La Creuse.



Notre havre de paix pour le déjeuner
Une partie du menu.....





Délicieux ce flan à la noix de coco, merci Christine
Et maintenant, tu dois laver ta vaisselle....



Visite d'Ethni'Cité, le village troglodyte....





Les chaussures de rando d'autrefois !
Ou celles-ci !














En 1189, Richard Coeur de Lion fonde le bourg et déclare que Saint-Rémy est une ville libre (c'est-à-dire exempt d'impôts). Les paysans payent 4 sous aux moines du prieuré pour pouvoir s'installer sur le territoire de cette commune, puis ils n'ont plus rien à payer. La croissance démographique de la ville augmente alors fortement mais attisent aussi les rivalités avec les seigneurs voisins qui eux perdent de la population et donc de l'argent. La ville va alors être régulièrement attaquée. Les seigneurs français veulent faire peur aux habitants pour les renvoyer chez eux. Mais les seigneurs anglais attaquent également. Envoyés par le roi Henri II, leurs missions est de détruire la Tour de garde que Richard a fait construire sur les hauteurs du bourg sans demander l'autorisation de son père. Il ne reste aujourd'hui qu'un seul vestige de cette tour, il s'agit de l'une des tourelles de la muraille d'enceinte, elle est appelée «Tour de Gannes" ou « Tour de Galles » et se situe à proximité de l'actuel église.
Non loin de là, dans la falaise de tuffeau, apparaît un lieu de refuge au XIIe-XIIIe siècle pour les paysans locaux, la forteresse de Chalopy. Elle est aménagée à l'époque pour se protéger justement des attaques françaises et anglaises. Il s'agit de souterrains refuges composés de salles étroites et de couloirs exigus. Le but est de pouvoir se cacher et de tenir un siège de plusieurs jours. Des réserves d'eau et de nourriture, ainsi que des pièces d'habitats et même une étable sont créés dans la falaise pour cela. Cette falaise devient alors un véritable labyrinthe qui a pour but de piéger l'ennemi qui oserait s'y aventurer.
À partir de 1204, après la mort de Richard Coeur de Lion autour de 1199, la zone est reconquise par les seigneurs de Touraine et redevient alors française pour toujours. Les caves sont progressivement abandonnées et réoccupées, puis ré-abandonnées jusqu'au XVIIè siècle.





On est mieux au frais ?








Elle est bien curieuse cette plante !











Du XVIIe au XIXe siècle, ce sont des familles de tisserands de chanvre et de chanvriers qui colonisent les caves de Saint-Rémy. Elles y mènent une vie prospère par trois siècles, utilisant la rivière et les nombreuses sources de la falaise pour cultiver et transformer la plante qu'ils cultivent  : le chanvre (cannabis sativa). L'activité de ces derniers entraînent néanmoins une pollution assez conséquente de leur environnement, notamment de la rivière, car l'une des étapes de traitement du chanvre, le rouissage, consiste à faire tremper la plante dans l'eau pendant 10 jours, mais, le chanvre en se décomposant va dégager des fluides et des gaz toxiques. Les préfectures demandent alors aux chanvriers d'aménager des bassins au pied de la falaise pour faire tremper le chanvre et de ne plus utiliser la rivière. Au XVIIIe siècle, la falaise est occupée sur près de 3 km par une cinquantaine de famille de chanvriers et de tisserands. Puis, avec la généralisation de l'éducation, l'apparition des premières manufactures, les tisserands et les enfants vont peu à peu quitter les lieux. Depuis 2013, le site "Ethni'Cité, village Troglodyte ", ouvert d'Avril à Octobre, accueille les visiteurs dans ces caves pour leur faire découvrir au cours de visite libre, audio ou guidée, l'histoire de ces caves et de cette falaise.












La Salamandre


La Tour de Ganne
C'est le plan cadastral de la commune, établi en 1831, qui permet seul de connaître exactement les contours du donjon construit par Richard Coeur de Lion, futur roi d'Angleterre, alors duc d'Aquitaine, après un échange de terrain avec l'abbaye de Maillezais (Vendée) qui possédait le prieuré voisin de l'église. Il a été détruit dès 1204 par des barons tourangeaux du voisinage, partisans de Philippe Auguste. A l'origine, le donjon de St Rémy était flanqué aux angles de quatre tourelles pleines, parées de magnifiques pierres de taille de forme courbe. La "Tour de Ganne" vestige du château, est la seule tourelle restante. Il s'agit de la partie basse d'un contrefort plein de l'ancien donjon qui mesure 4.50 mètres de diamètre et 9 mètres de haut. La colonne romane accolée donnait vers l'intérieur du donjon. Si l'on se réfère au document cadastral, les trois autres tourelles et les murailles du donjon n'ont pu disparaître qu'après 1831.


Fenêtre romane à claustra
Fenêtre romane à claustra : il s'agit d'une dalle calcaire, perforée en losanges ou plutôt en carrés disposés en pointes. Ancêtre des vitraux, ce procédé qui est rare en France, est plus courant en Espagne.



L'église de St Rémy sur Creuse (XIe et XIIe siècle) : cette église de style roman, à une seule nef, construite en tuffeau, ne peut avoir été commencée qu'à la fin du XIe siècle, puis édifiée dans le courant du XIIe siècle. Les voûtes gothiques ont été rajoutées après la guerre de cent ans ou après les dégâts causés par les guerres de religion, encore visibles au portail. En 1844, sous le ministère du curé Charles LEFESBVRE, la commune fait construire "au pignon du frontispice du grand autel", une double baie néogothique. Elle sera agrémentée en 1845 par un double vitrail, réalisé par le Maître verrier David GUERITHAULT, représentant le baptême de Clovis à Reims, par le Saint évêque Rémy. L'on peut voir également située à la croisée des transepts, la clé en bois de la voûte gothique représentant Saint Rémy, au portail de l'église deux chapiteaux romans en tuffeau dont les sculptures représentent des oiseaux aux cous entrelacés et un lion bondissant.
Il a été retrouvé, depuis peu dans un mur du transept gauche, une arcade ayant gardé sa peinture rouge d'origine, probable "enfeu" seigneurial (un tombeau) dans l'église de St Rémy.

Le puits

Le puits : situé à l'angle de la place de l'église, le puits a une profondeur de 32 mètres. En 1845, il était déjà répertorié sur un plan cadastral de l'époque.

La croix Hosannière - hauteur 1,50 m
La croix Hosannière (XVIIe siècle et 1923) : le terme "hosannière" viendrait de l'hosanne, buis sacré qui, dans certaines régions (Poitou-Charente), était déposé sur les croix. Il vient peut-être aussi de l'exclamation "Hosanna" (Hymne qui se chante le jour des Rameaux). La croix Hosannière se dresse dans l'allée centrale du cimetière, contigu à l'église depuis 9 siècles. Sur un piédestal du début du XXe siècle, la base de la croix semble un chapiteau roman renversé et remployé, provenant sans doute de l'ancien château. A la croisée des bras de la croix, de section octogonale, figurent en creux un Sacré Coeur et une curieuse rosace cerclée à 8 branches.


Après une journée bien remplie, il est temps de rentrer dans nos pénates......

4 commentaires:

  1. Je connais Saint Rémy sur Creuse mais pas son histoire. Bravo pour les photos. Christiane Nibeaudo

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    1. Merci Christiane pour l'intérêt que vous portez à notre blog et à ce reportage - à bientôt pour d'autres aventures...

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  2. vertes escapades18 juillet 2019 à 14:54

    très beau reportage et de magnifique photos, cela nous a donner envie d'aller connaitre ce petit village de st rémy sur creuse

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    1. Si ce n'est pas très loin de chez vous, il ne faut pas hésiter à aller voir ce magnifique village troglodyte, et surtout, faire la visite commentée du site.

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