mercredi 19 mai 2021

Belle campagne Moussacoise

Pas de tee-shirt pour partir ce matin, la grisaille et la fraîcheur sont toujours présentes. C'est autour de Moussac que nous avons fait nos 13 km.

Ca n'empêche pas les marguerites de fleurir
















On se croirait à l'île de Ré

Pluie du matin n'arrête pas le pèlerin


Dommage Patrick, on le passera une autre fois




















Le château de la Carte

L'histoire du village de "La Carte" : un village très ancien dont l'origine n'est pas connue, mais la proximité de la voie romaine Poitiers/Limoges laisse penser qu'il s'est formé à l'époque gallo-romaine en même temps que le bourg de Moussac. L'origine de ce toponyme courant est incertaine. La carte peut venir du latin quartus pour signifier le quart d'une année comptant les trois mois d'été pendant lesquels les ouvriers agricoles se faisaient embaucher pour les gros travaux d'une ferme. Cette pratique ayant donné l'expression "faire la carte" en Poitou. Autrefois la carte était aussi une unité de surface, sous multiple de l'arpent, sur laquelle la première habitation à l'origine du village aurait pu être construite. 
Au moyen âge, "La Carte"était un des fiefs des familles nobles de Moussac, paroisse de la châtellenie de Calais (L'Isle Jourdain), relevant elle-même du comté de la Basse-Marche. "La Carte" s'est développée autour de son logis du XVIème siècle, construit par une famille dont on ignore le nom. 


Les armoiries sculptées au-dessus de la porte d'entrée attestent cependant du caractère noble de la demeure dont l'héritière a dû épouser Gaspar Frotier, homme d'armes, qualifié de seigneur de La Carte en 1564. Il était le 3ème fils de Charles Frotier, seigneur de La Messelière, en son château rive gauche de la Vienne, faisant face à La Carte. La branche des seigneurs de La Carte se perpétua jusqu'au XVIIIème siècle. 
Le logis a été restauré par son nouveau propriétaire au début des années 2000. La tourelle ronde qui partage la façade en deux parties à peu près égales avait été démolie au début du XXème siècle. Elle a été remontée en 2003, selon un croquis de Mr Henri Frotier de La Messelière, réalisé en 1902. Elle est percée de la porte d'entrée et dessert le premier étage ainsi que le grenier par un escalier à vis. Les fenêtres, à droite de la façade, sont à meneaux en forme de croix. Celle du haut est d'origine. 
Le cadastre napoléonien montre que la plupart des bâtiments et des chemins en place en 2013 l'étaient déjà en 1835, notamment les trois fermes importantes du village, avec leurs bâtiments agricoles et d'habitation, trois fours à pains et plusieurs maisons traditionnelles. 
Un bâti traditionnel et un patrimoine naturel bien conservés : le village de "La Carte" conserve un riche bâti traditionnel et un patrimoine vernaculaire qui témoignent de cette terre de transition qu'est le Montmorillonnais, entre Limousin et Poitou, à la frontière du Nord et du Sud, zone de bocage orientée vers l'élevage. 


Des granges remarquables : chacune des trois grandes fermes du village possède une vaste grange. Celle de la ferme Vergnaud faisait partie de la propriété attenante au logis noble. Elle est datée du XVIIème siècle. Ses murs en moellons forment une structure monumentale de forme carrée (18m x 18m). Celui du fond et les deux latéraux sont partiellement enterrés, ce qui contribue à sa bonne isolation. Sa très belle charpente en bois de chêne est l'œuvre d'un compagnon charpentier dont la signature est visible sur une poutre. Elle est à ferme triangulée classique, dessinée sur un arbalétrier. La couverture est en toile canal, matériau le plus utilisé dans le sud du Poitou. 
La grange de la ferme Jouhanneau, de dimensions plus réduites est de construction identique ; une architecture locale typique, observable sur plusieurs autres bâtiments agricoles dans la commune (à Puycourtet, Laudonnière et Chantouillet) et aux alentours (notamment la grange du château de La Messelière à Queaux). 
La ferme Giraud, datée de la fin du XVIIIème/début du XIXème siècle, possède également une grange étable de grandes dimensions (25m x 25m), attestant de l'importance de l'exploitation pour son époque. La charpente, en bois de chêne, est constituée de fermes centrales avec deux contre-fiches de part et d'autre d'un poinçon pour soulager les arbalétriers. L'ensemble est consolidé par deux poteaux qui supportent les entraits principaux à chaque extrémité et par des éléments en fer qui servent de liens entre poutres et arbalétriers, ou avec les poteaux, pour empêcher toute déviation des travées dans le sens longitudinal. Ce qui prouve le grand savoir-faire du charpentier. Deux étables occupent chaque bout de la grange. Elles disposent de crèches avec collards qui sont approvisionnées par le couloir central et couvertes de larges fenils ou "ballets" pour stocker les réserves de fourrage. Un hangar et un grenier ouverts jouxtent la maison d'habitation. Ils servaient au séchage de certaines récoltes. 
Du hangar, on accède à une double cave qui possède également une large ouverture de plain-pied à l'ouest. La présence d'anciennes chènevières dans le pays laisse à penser qu'une partie de cet endroit humide pouvait recevoir des matériaux qui ont besoin de fraîcheur pour être conservés (osier, chanvre...)
Des maisons traditionnelles : le village conserve plusieurs maisons typiques de l'habitat rural régional dont les pièces de vie au rez-de-chaussée sont surmontées d'un demi-étage en grenier. Certaines possèdent encore leur œil-de-bœuf au-dessus de la marée. Devant l'une d'entre elle, le puits à margelle est toujours en place.  
De vieux fours à pain : 5 fours à pain servaient à la cuisson du pain et des grimolles. On utilisait aussi la chaleur de fin de cuisson pour rôtir des viandes ou sécher des fruits. Un seul a été démoli au début des années 1990. Trois fonctionnent ponctuellement encore aujourd'hui. Ce sont des fours de briques, construits sur un trumeau, solide base de maçonnerie d'environ 90 cm de hauteur, qui isole le plancher du sol. Cette surface plane, aussi appelée âtre ou sole, sur laquelle on fait le feu et qui reçoit ensuite les pains, est le plus souvent, dans notre région, en dallage de briques plates réfractaires. La voute de forme arrondie est faite de briques pleines réfractaires, montées sur champ (en clé). 


Un paysage de bocage peu modifié : comme peuvent le constater les randonneurs, en suivant le sentier "Les coteaux des Fadets" ou l'ancienne voie romaine, l'espace rural autour de "la Carte" n'a pas subi de très profonds remodelages. L'orientation privilégiée vers l'élevage a permis de conserver un paysage de bocage et les chemins anciens déjà tracés au XIXème siècle. Avant le développement de l'élevage ovin à partir du milieu du XXème siècle, dans chaque ferme, on élevait principalement des bovins et des porcs. On y faisait grossir des porcelets sevrés d'environ 20 kg, "les laitons", jusqu'à ce qu'ils atteignent 35 à 40 kg. Appelés alors "nauriens", ils étaient vendus à des laiteries charentaises pour engraissement. Ils étaient nourris d'une pâtée, ou "bernée", préparée à base de produits de la ferme : céréales concassées, mélangées à du son et du "petit lait" et légumes cuits dans "le fourniou". 
Pour info, qu'est-ce qu'un hongreur : avant la seconde guerre mondiale, les vétérinaires n'étaient pas nombreux. Quand les animaux étaient malades, on faisait souvent appel au hongreur. Son métier consistait à prodiguer les soins de base aux animaux de la ferme (opération de hernies, d'abcès, aide aux vêlages, piqûres...) mais sa principale activité était la castration des animaux mâles (cochons, chevaux...). André Souchaud, qui habitait "la Carte" fut un des derniers à exercer ce métier dans la région de 1928 à 1961. 
Vous connaissez maintenant toute l'histoire de LA CARTE !



Je n'ai pas la preuve de cette fin de rando, dommage, n'est-ce pas Jean-Claude !

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