mercredi 10 août 2022

Journée en Charente-Limousine

A la confluence de la Vienne et de l'Issoire, à Saint-Germain-de-Confolens, la journée s'annonce encore torride, alors le départ sera un peu plus matinal que d'habitude afin de profiter de la fraîcheur le plus longtemps possible. Nous commencerons notre circuit en descendant vers le petit village d'Esse, la partie la moins ombragée....

Le château de St Germain de Confolens

Historique : La Seigneurie est attestée au moins depuis 1079 (Hélie de St Germain). On en a également trace en 1087. Pour autant, le château fort semble avoir été élevé à partir du XIIème siècle. Le château est remanié aux XIIIème et XVème siècles. En 1498, le château est vendu à Gauthier de Péruse des Cars et passe à ses descendants. En 1570, la forteresse est prise par les protestants mais elle sera reprise par la famille des Cars (Jean). La forteresse est vendue comme bien national et sera démantelée. En 1900, le curé Laffay rachète les ruines qui seront ensuite données à l'évêché. Désormais, c'est le Syndicat d'Initiative de Confolens qui en est le propriétaire. Le 14 mai 1925, les ruines du château sont classées monument historique.
Architecture : Le château comprend aujourd'hui un donjon carré du XIIème siècle, une tour dite du Puits et deux grosses tours rondes à trois étages datant du XVème siècle. Elles sont hautes de 18 mètres. On trouve également un logis. Il y avait également une troisième tour ronde dite de la Cuisine à six étages et une quatrième tour. Une seconde ligne de muraille ceinturait le château, récemment restaurée ainsi qu'un châtelet d'entrée. Les deux tours qui subsistent ont la particularité d'être rondes à l'extérieur et carrées à l'intérieur.





Les fenaisons, qui commençaient en juin, étaient des "scènes typiques" du XIXème siècle dans nos campagnes. La commune d'Esse est une terre d'élevage au sein d'un paysage bocager. Les travaux agricoles étaient manuels, avec le concours des animaux domestiques. Les fenaisons rassemblaient toute la famille. Les hommes chargeaient avec des fourches sur une charrette le foin préalablement séché tandis que les femmes et les enfants râtelaient. 
Ces scènes de la vie agricole donnaient lieu à des échanges et des réjouissances que la mécanisation a fait disparaître aujourd'hui. 
Par les chaudes journées d'été, la maîtresse de maison apportait comme rafraichissement le "mijet", breuvage très apprécié composé de pain trempé et de vin rouge coupé avec de l'eau et du sucre.
Et nous, dans la Vienne, c'est le mijot......








Le village d'ESSE
La commune d'Esse, située dans le nord du département de la Charente, se rattache historiquement au Limousin. La paroisse était du diocèse de Limoges et le Confolentais constitue aujourd'hui la "Charente Limousine", pays de granit, dont a été construite, au XIIème siècle, l'église paroissiale Saint-Etienne. Les ostensions de reliques s'y pratiquaient comme en Limousin.

L'église Saint Etienne

L'église paroissiale d'Esse date de la seconde moitié du XIIe siècle. Elle fut construite à l´emplacement d´édifices plus anciens puisque des fouilles ont révélé la présence de vestiges gallo-romains à l'extérieur et à l´intérieur du bâtiment. L´existence d´une chapelle Saint-Jean, ayant servi de baptistère, est également attestée. Celle-ci semblait se trouver à l´emplacement de l´actuelle mairie.
La construction de l´église débuta par le chœur, pour se poursuivre par la nef et s´achever par la façade. La trace d´une porte dans le mur nord marque l´emplacement d´un ancien cimetière qui se trouvait au nord-est de l´édifice. Le sarcophage en pierre qui se trouve aujourd'hui devant la mairie y fut découvert lors des fouilles réalisées par l´abbé Huet vers 1894.
Aux XIVe et XVe siècles pour faire face à l´insécurité engendrée par la guerre de Cent-Ans, le chevet de l´église fut fortifié. Les murs furent rehaussés et percés de six ouvertures rectangulaires. Au niveau des modillons sculptés subsistent aussi des trous ayant probablement servis à monter une galerie en bois. Le clocher fut édifié au XVIIIe siècle. En 1869-1870, les murs de la nef furent eux aussi rehaussés et la voûte en lambris qui existait jusqu'alors fut remplacée par une voûte en brique. On construisit également une sacristie accolée au sud-est qui donnait sur le jardin du presbytère. Celle-ci fut démolie en 1986 préalablement à la restauration de l´église qui fut entreprise de 1994 à 1997. Le bâtiment fut inscrit sur la liste supplémentaire des Monuments historiques en 1972.



Les ostensions d'Esse constituent un témoignage vivant de la vénération de reliques de saints. Sous l'Ancien Régime, la paroisse d'Esse relevait de l'Evêché de Limoges. Elle conserve de cette époque de nombreuses traditions, dont la pratique des ostensions. Leur histoire remonte à l'an 994, année au cours de laquelle le Limousin fut victime du "mal des Ardents", une maladie causée par l'ergot, un champignon qui infecte le seigle. Pour arrêter le fléau, le clergé organisa plusieurs processions et le mal cessa. Ce fut l'origine des ostensions en Limousin. La paroisse d'Esse reçu plusieurs reliques de la part du Pape en 1660. Elles sont précieusement conservées dans des châsses et vénérées tous les sept ans à l'occasion de la cérémonie des ostensions. Entre le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte, elles sont présentées à la foule et font l'objet de processions solennelles réunissant fidèles et figurants costumés.

Le tilleul de Sully
Sur le parvis, se dresse un ample tilleul dit "de Sully" qui a valu à la place de l'église d'être classée au titre des monuments historiques naturels et des sites. Ce tilleul a été frappé par la foudre et amputé de moitié. Il conserve encore aujourd'hui ce déséquilibre.


Alambic : don de Monsieur Marcel PINARD, distillateur pendant 55 ans


L'alambic a permis aux habitants d'Esse d'obtenir de l'eau de vie à partir de la production locale. Au siècle dernier, Esse comptait plus d'une cinquantaine de fermes qui produisaient toutes de quoi subvenir aux besoins de la famille. Chaque agriculteur possédait sa vigne, produisait son vin et faisait "brûler son marc" pour obtenir de l'eau de vie. Cette "gnôle" avait de nombreuse qualités : elle pouvait désinfecter les plaies, entrer dans la préparation des aliments, et surtout, participait à la convivialité à la fin des repas de fête. Un "distillateur" ambulant déplaçait son alambic de village en village et distillait, pour qui bénéficiait d'un "droit", tout ce qui pouvait être transformé en alcool : marc de vin, pêches, prunes et poires, etc... Les clients apportaient la matière première, fournissaient le bois pour chauffer le foyer et repartaient avec leur boisson. De 1935 à 2007, la famille Pinard a assuré cette tâche. Le lieu de distillation était un lieu de sociabilité et d'échange entre les hommes du village, à l'instar du lavoir pour les femmes.




Ce pêcheur n'était pas très bavard ! impossible de savoir si ça mord





Dans la vallée de l'Issoire, la nature est exceptionnelle. La richesse de la faune et de la flore de la vallée lui a permis d'être classée site Natura 2000 au titre de la Directive Européenne "Habitat" (arrêté ministériel du 9 août 2006). Natura 2000 est un réseau de sites naturels et semi-naturels européens à protéger présentant un intérêt environnemental important. Le site Natura 2000 s'étend sur 508 hectares répartis sur les communes de Brillac, Esse, Lessac et St Germain de Confolens. 9 espèces (insectes, amphibiens, mammifères, poissons) et 7 habitats d'intérêts communautaires, c'est à dire rares ou menacés de disparition en Europe, sont présents sur le site. Des actions sont mises en oeuvre pour préserver la richesse écologique de la vallée. Le site est également protégé au titre de la loi du 2 mai 1930 relative à la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque (arrêté du 10 février 2005). 


La prairie de fauche que nous pouvons observer n'est pas pâturée. Elle abrite une grande diversité biologique. Habitat d'intérêt communautaire, on y trouve, outre de nombreuses graminées (fétuques, dactyles, pâturins, vulpins...), des plantes apportant, au fil des saisons, leurs palettes de couleurs : lychnis, carottes sauvages, mauves....
Un très grand nombre d'insectes, des lépidoptères (papillons) et orthoptères (sauterelles, criquets) sont également présents dans cette prairie. La fauche de la praire, sans pâturage, à des dates appropriées, permet de maintenir cette richesse biologique.



La vallée de l'Issoire est le seul site charentais abritant les 6 espèces de pics présentes dans le département. Outre le pic épeiche, le plus commun, on peu observer : le pic vert, le pic cendré, le pic mar, le pic épeichette et le pic noir. Tous ces pics font partie des oiseaux grimpeurs. Ces oiseaux, pouvant grimper en position verticale le long des troncs grâce à leurs pattes griffues, ont aussi comme particularité de creuser dans les troncs des arbres leur nid appelé loge. 









Le long de l'Issoire, sur les alluvions d'origine siliceuse de la vallée, l'aulne glutineux et le frêne commun forment des boisements particuliers : la ripisylve. Plusieurs espèces apprécient cette végétation boisée pour s'abriter comme les pics, les noctules communes (chauves-souris arboricoles), le martin-pêcheur ou la loutre. On peut observer, sur les berges ombragées de ces boisements, la superbe fougère, l'osmonde royale et l'aconit tue-loup.
L'osmonde royale (Osmonda-Régalis), peu commune en France, se développe sur l'Issoire. Elle est présente au bord des cours d'eau, dans des milieux frais et ombragés et fructifie entre mai et juillet. Ses feuilles vert tendre peuvent atteindre 2 mètres et ses racines possèdent des propriétés diurétiques, astringentes et toniques. Cette fougère est inscrite sur la liste rouge régionale des espèces menacées.

L'aconit tue-loup

L'aconit tue-loup, qui peut atteindre 1 mètre de haut, prospère sur les terrains granitiques. Plante d'ombre, aimant les sols frais et acides, elle affectionne en vallée d'Issoire les bois frais en bas de pente. Ses fleurs jaune-pâle en forme de clochettes, en font une espèce très facile à reconnaître pendant la période de floraison : de juin à août. Utilisée au Mésolithique pour les flèches empoisonnées, par les nazis pour des expériences sur le chien et l'homme, et autrefois contre les loups, cette plante produit le plus violent poison naturel d'Europe occidentale. Très rare dans l'ouest de la France, elle est inscrite sur la liste rouge régionale des espèces menacées.  





Au coeur de ce site dédié à la faune et à la flore, les hommes ont trouvé leur place en pratiquant une agriculture raisonnée. A cette activité économique, s'ajoutaient autrefois les nombreux moulins à aubes qui fournissaient la farine, base de l'alimentation. Les pierres formant un alignement à ce niveau de la rivière correspondent ainsi au reste du barrage du moulin de Gaudey, qui occupait l'autre rive de l'Issoire. L'homme intervient également pour l'entretien et la conservation de cet espace naturel protégé à travers la gestion de l'eau et des milieux naturels.








Le site de Bellevue

L'Issoire prend sa source dans la commune de Blond en Haute-Vienne à 320 mètres d'altitude environ. Longue de 40 km, elle s'écoule selon une pente moyenne de 5 %. Le bassin versant représente 285 km et occupe tout ou partie de 13 communes : 7 en Charente et 6 en Haute-Vienne. C'est une rivière non domaniale. Constituée par substratum de nature cristalline et imperméable, les rivières du bassin versant, dont l'Issoire, sont alimentées principalement par des eaux de ruissellement et les réserves hydrauliques contenues dans les roches cristallines. La pluviométrie de la région se situe aux environs de 85 mm3 au cm2. C'est donc près de 800 millions de m3 d'eau qui tombent chaque année dans cette cuvette. Le syndicat en prélève 0.1 % pour les besoins de l'alimentation en eau potable.
Le barrage de Bellevue : la seule source d'eau qui se soit révélée à la fois suffisante en quantité et en qualité pour alimenter les habitants du Confolentais ne permet pas la formation de nappes souterraines, mieux protégées des pollutions. La faiblesse du débit de la rivière, l'été, a toutefois nécessité la construction d'un barrage qui a permis de créer une réserve de 750 000 m3 d'eau. Ce barrage, situé sur la commune de St Germain de Confolens, est visible depuis ce site qui a également été choisi par le Syndicat des eaux pour construire une station de traitement de l'eau.
Ce site de Bellevue et ses alentours immédiats ont servi de cadre à un roman du terroir de Lise Noël "Retour" : "... réalité d'un petit village des bords de Vienne, sommé de son château médiéval et flanqué de son église paroissiale qu'environne un cimetière, parfois jugé pittoresque, mais où sont venus s'enfuir amours, espoirs et désespoirs d'une petite femme, simple femme, détruite par l'essence même de la vie." 











La carrière de granite de St Germain de Confolens : située à l'entrée Sud du village, la carrière a permis d'exploiter pendant une cinquantaine d'années les richesses granitiques du sous-sol. Bâti sur un escarpement rocheux, le village profite d'un sous-sol riche en granite. La roche granitique a été ainsi largement utilisée par les habitants dans les constructions. Elle était également exploitée grâce à deux carrières : la carrière de Négrat (toujours en activité) sur la rive gauche de la Vienne, et la carrière Gaudence, à l'entrée Sud du village sur la route de Confolens. Le transport du granit est assuré notamment par la ligne de chemin de fer reliant Confolens à Roumazières et L'Isle-Jourdain. Après d'âpres discussions, la gare de St Germain-Lessac est construite sur la commune de Lessac.
Une carrière pourvoyeuse d'emplois : implantée près de l'ancien champ de foire aux cochons, son exploitation commence dans les années 1920. On y extrait un granit gris à mica (minéral à paillettes) réputé pour sa résistance et utilisé pour les ballasts et les fondations. Après la deuxième Guerre Mondiale, la carrière Gaudence devient la Société des Routes Economiques. Jusque dans les années 1970, la carrière emploie beaucoup de main d'œuvre. Mais, faute de pouvoir s'étendre davantage, et à cause des nuisances supportées par les riverains, elle est abandonnée.

OUF.... il commence à faire bien chaud en cette fin de matinée, maintenant nous allons passer aux choses sérieuses : apéro, pique-nique à l'ombre des grands arbres qui nous ramènent un souffle d'air.


Le stagiaire, la revanche....








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